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Non, je n’ai pas réalisé mes 40 rêves avant mes 40 ans…

Nous y voilà. Enfin, surtout m’y voilà. Je suis à quelques jours de souffler mes 40 bougies.

Quand je regarde le chemin parcouru depuis ce premier billet “40 choses à faire avant mes 40 ans“, je dirais rapidement que je n’ai pas besoin de relire cette liste pour me dire que je n’ai pas coché toutes les cases, c’est certain ! Mais avoir posé là par écrit quelques objectifs il y a quelques mois, m’a mise en mouvement, c’est évident ! Et c’est plutôt avec un sentiment d’avoir fait des pas de géants en presque deux ans que j’aborde cet anniversaire ! Et je n’ai peut-être pas réalisé mes 40 rêves, mais il y a en quelques uns de coché et sans doute les plus importants à mes yeux !

La vie s’est quand même chargée de mettre quelques embuches sur mon chemin – sinon c’était trop facile-… Ou je devrais plutôt dire quelques panneaux de signalisation bien choisis : dont certains que je me suis pris en pleine poire ! Un truc du genre brown-out ou bore-out qui m’a un peu mise à terre quelques mois, un passage à vide de type dépression et une thérapie (toujours en cours) plus tard, j’étais de nouveau sur les rails ! Enfin sur les rails… avec quelques bagages bien lourds, dont je n’avais pas réellement pris conscience avant et qui me plombaient carrément : les effets pervers d’une partie de ma “bonne” éducation, certaines de mes croyances bien ancrées et quelques traumas assez communs à tous les humains de ma génération élevée avec les travers de la société patriarcale, ou Françoise Dolto faisait encore partie des précurseurs, voire d’une catégorie de personne qu’on pouvait qualifier d’illuminée.

Aujourd’hui, consciente du poids de ces bagages qui m’entravent dans mes relations aux autres, dans mon comportement, dans ma façon d’aimer, d’éduquer, de vivre, j’essaie d’avancer du mieux que je peux. Je le disais déjà avant tout ça, mais j’en suis encore plus consciente aujourd’hui : je ne suis pas parfaite, je fais de mon mieux et grâce à ma formation en CNV et à la thérapie, j’ai gagné une chose à la valeur inestimable : la capacité à éprouver de l’empathie pour moi-même ! Quand je suis moins que parfaite (expression qui prends tellement de sens, quand on est un peu perfectionniste sur les bords…) je sais pourquoi, et même si mon mouvement spontané et naturel, c’est d’abord de me blâmer, très vite j’active l’auto-empathie, et je sais démêler ce qui se joue en moi dans les jugements moralisateurs que je m’adresse à moi-même !

Pour fêter ça, la vie m’a fait de merveilleux cadeaux ces dernières semaines. Non sans grandes vagues d’émotions, de stress, d’inquiétudes, de peurs, qui étaient bien présentes pour me rappeler tout l’enjeu du défi que je me lançais : vivre un peu plus en harmonie avec moi-même et arrêter de subir une partie de ma vie.

Lors de ma longue introspection de ces derniers mois, j’ai eu l’occasion d’interroger des gens autour de moi sur la perception qu’ils avaient de moi, de qui j’étais, de ma personnalité pour m’aider dans ma recherche de voie professionnelle. Il y a eu une réponse, que je n’ai pas relevé plus que ça au moment où je l’ai reçue, mais qui m’a tout de même beaucoup touchée, la voici texto : “Claire c’est la fille qui se pose beaucoup de questions, sur elle-même et le monde qui l’entoure, parce qu’elle veut y trouver sa place, le comprendre et le rendre meilleur !”

Aujourd’hui avec le recul et le chemin parcouru depuis, cette phrase prend une tout autre dimension et c’était le premier cadeau que la vie me faisait à travers les mots de ma copine !

J’avais un rêve quand j’étais adolescente : devenir journaliste. Interviewer des gens, comprendre et décrypter le monde qui nous entoure ! Comprendre. Voilà un de mes moteurs dans la vie. Comprendre comment les gens fonctionnent, comment les humains interagissent, pourquoi j’agis de cette façon, pourquoi les gens autour de moi réagissent comme ça, pourquoi il se passe ceci ou cela. Et cela peut aussi me plonger dans une profonde anxiété ou mélancolie quand je ne comprends pas justement !

Cela me rend d’ailleurs assez accro parfois aux informations, j’essaie d’y trouver des réponses à mes trop nombreuses questions. Malheureusement, souvent ce qui nous est proposé dans les médias soulève davantage de questions (et d’anxiété) chez moi que de réponse ! Mais c’est un autre sujet.

Revenons à ce rêve de devenir journaliste. Je n’y pensais plus, depuis longtemps, avec cette croyance en moi que pour faire ce métier, il faut forcément faire une école de journalisme, faire des stages dans des grands médias, avoir une orthographe, une grammaire, une rédaction et une expression écrite irréprochable, et être très intelligent, qu’écrire pour parler de soi ce n’est pas du journalisme, c’est au mieux de l’impudeur, au pire de l’égo-centrisme. Bref, j’étais persuadée n’avoir aucune des qualités requises, de ne pas être à la hauteur de ce que je croyais nécessaire pour exercer ce métier, puisque tous les adultes qui m’ont accompagnée durant mon parcours scolaire ont toujours pointés ce qui me manquait pour exceller plutôt que ce que j’avais déjà, voire même ont pu me décourager de m’engager dans la voie du journalisme puisque je n’étais pas assez bosseuse. Mais bon bref. Ceci aussi est encore un autre sujet.

Rangé bien au fond d’un placard ce rêve.

Rangé bien au fond de mon CV mon expérience au sein d’une des plus grande maison de presse de notre pays (tiens, tiens…)

Rangés bien au fond de ma boîte à souvenirs les journaux du lycée que je mettais en page, et dont j’écrivais l’édito.

Rangés bien au fond de mes souvenirs la fascination pour ces reportages audio que mon père faisait en nous enregistrant quand nous étions petites, l’admiration pour ces reportages photos quand il travaillait dans une grande ONG.

Rangés au fin fond des serveurs les nombreux blogs que j’ai crée sur des tas de sujets différents ! Aux oubliettes ma curiosité naturelle, ma soif de découverte, mon besoin de comprendre et mon goût pour transmettre, faire découvrir des choses aux autres… qui sont pourtant quand on le lit comme ça des qualités indéniables pour devenir journaliste et s’intéresser à ce qui se passe autour de nous !

Il y a quelques mois lors d’une séance photo, derrière son objectif, une copine photographe, formée au coaching, m’interroge sur mon côté aventurière (j’avais apporté un chapeau et cela lui avait inspiré cette question). Elle me demande de visualiser ce que serait pour moi de partir à l’aventure et je lui réponds (alors que je n’ai encore aucune conscience de tout ce que je viens de vous raconter précédemment…) que je me vois dans les landes (allez savoir pourquoi), avec mon sac à dos, aller à la rencontre de gens et les interroger sur leur vie… Sur le coup je n’accorde aucune importance à ce que je viens de verbaliser ! Mais c’est sous-estimer la force de la visualisation ! C’était le deuxième cadeau.

Dans ma liste de rêves/choses à réaliser avant mes 40 ans, il y avait le rêve de sortir un podcast. Il y a bien eu un projet, avec une association chère à mon coeur, mais c’était pas fluide, c’était hyper inconfortable, je ne prenais aucun plaisir quand je travaillais sur ce projet au-delà de la satisfaction de ma curiosité et de mon goût pour la nouveauté, ça frictionnait à l’intérieur de moi. Je m’étais mise au service de l’association et de son message pour réaliser ce podcast car il est fort possible que je ne me pensais pas capable, légitime de me lancer seule sur un projet personnel qui me ressemblait. Cela signifiait accepter ma vulnérabilité, mon imperfection, et de reconnaître mes talents (si j’en avais dans ce domaine-là), et je manquais clairement de courage ! C’est tellement plus confortable de se cacher derrière un projet collectif, de dire “non mais c’est pas que moi, c’est aussi le projet d’untel ou d’untelle…” Bref. Sauf que ça le faisait pas du coup. Ce projet se fera peut-être un jour, ou pas. Peut-être même que j’y participerais avec plaisir et joie. Mais cela ne devait sans doute pas se faire à ce moment là, dans ces conditions là, sans que je me sois vraiment pour de vrai confrontée pour de vraie à mon rêve, qui n’était pas de faire un podcat, mais de sortir MON podcast.

A partir du moment où j’ai réussi à identifier cela, tout s’est aligné. Je ne dirais pas de manière rapide et spontanée, car il m’a fallu quand même quelques semaines de patience avant que cela décante : j’ai ressenti d’abord beaucoup de frustration de ne pas trouver le bon angle, le bon sujet, le bon titre etc… Et puis j’ai mis de côté l’idée, me concentrant sur l’autre partie de mon projet professionnel. Je réalise fin novembre et début décembre quelques enquêtes métier de personnes qui exercent dans le domaine de l’intelligence collective. Je contacte en premier un copain de longue date qui travaille dans le domaine, nous prenons le temps d’échanger à deux reprises sur son métier, sa motivation, ce qui le fait se lever le matin. Et là sans que je m’y attende, notre conversation, son enthousiasme, ses convictions sur des sujets profonds dont celui de la coopération et de l’école, provoque cette illumination, ce fameux “Eurêka”. D’une banale conversation sur le métier de la facilitation, tout se débloque : j’ai le sujet, l’angle, dans les jours qui suivent, j’ai déjà une liste d’une vingtaine de sujets/invités potentiels. Cerise sur le gâteau, j’identifie mon propre moteur, ce qui va me faire me lever chaque matin et ce à quoi je pourrais me raccrocher les jours de moins bien !

J’en parle évidemment rapidement à ce copain de longue date le lendemain de notre échange, il accepte sans réserve d’être mon premier invité, je lui ai à peine décrit la ligne éditoriale, le podcast n’a même pas encore de titre, de format … Rien. Il est partant, et me dit de revenir vers lui quand cela se concrétise. Je crois qu’il ne se doute pas un instant quand il me dit qu’il est partant, que ça va aller très vite dans mon esprit. Et que ça me donne une force, une confiance et une motivation incroyable pour lancer le projet. C’était début décembre 2021. C’était mon troisième cadeau.

Nous avons enregistré tous les deux le premier épisode du podcast “Esprit de Coopération” hier.

Une fois qu’on a eu raccroché, j’ai ressenti une vague d’émotions intense. Tellement intenses que j’en cru que mon coeur allait se décrocher et sortir de ma poitrine ! C’était un vrai cheval au galop ! C’était plein de chose à la fois : de la peur, un peu du syndrome d’imposteur, une immense joie et des tonnes de gratitude, de la fierté, un sentiment d’accomplissement, du soulagement. Je me suis alors dit que pour ressentir une diversité d’émotions aussi intenses, ce que je venais de faire (ce n’était qu’un enregistrement d’un épisode…) venait réparer ou révéler un truc. Que peut-être je suis vraiment faite pour ça. Les compliments et le feed-back que m’a fait mon premier invité (et que vous entendrez à la fin du premier épisode qui sortira bientôt malgré ma pudeur qui me fait encore hésiter à les couper au montage…) ne sont évidemment pas étranger à cette grande émotion qui ne me quitte plus depuis hier.

Il le lira peut-être ici, si j’ose lui envoyer le lien de ce billet, mais il n’imagine pas que le moment que l’on a passé hier, est sans doute un des plus beaux cadeaux que je recevrais pour mes quarante ans ! (même si je me trouve nulle et que je me dit a posteriori qu’il y a plein de choses que j’aurais pu dire ou faire autrement ; quand on est perfectionniste on ne se refait pas…) son feed-back, sa bienveillance, ses conseils et ses encouragements, me donnent la force d’oser publier ce premier épisode (même si au montage mes petites voix intérieures émettent une liste longue comme le bras de jugements et de critiques), et d’en faire d’autre (j’ai déjà deux interviews programmés). Et il a formulé un voeu : de ne pas être le dernier invité de ce podcast. Je ne sais pas du tout si ce podcast trouvera son auditoire, s’il y aura autant d’épisode que ce que j’imagine ; le travail qu’il me reste pour accomplir mon rêve jusqu’au bout est immense. Mais je sais une chose, malgré une trouille monstrueuse (j’étais pourtant en face de quelqu’un de confiance et de réellement bienveillant…) j’ai pris un tel pied à préparer l’interview, à poser les questions, à trouver comment rebondir, que c’est un exercice que je referais, même si ce projet-là ne remporte pas le succès que je me souhaite. Et puis, surtout cela me permettra de m’améliorer !

Et à ceux qui se diront en lisant ce billet, “non mé cé bon elle enregistre un épisode de podcast et elle ce croie journaliste”, j’aurais bien envie de te répondre à la façon de Lexa dans “Et tout le monde s’en fout”, “Attention je crois que la date de péremption de ton cerveau est largement dépassée” ! Et bim. (c’est aussi ce que j’ai dit à ma petite voix intérieure t’inquiètes pas… tout le monde en prends pour son grade, en 2022, je suis devenue inarrêtable).

Ce n’était qu’un enregistrement d’un épisode de podcast, certes. Un tout petit pas pour la podcasteuse que je deviendrais peut-être, un grand pas pour l’ado qui rêvait de devenir journaliste tapie au fond de moi !

J’aurais donc envie de finir par ce moment de remerciements façon cérémonie de remise des prix (ben, oui je t’ai dit je suis devenue tellement inarrêtable que j’ai pris la grosse tête)

A : Nath, Céline, Damien, (mais aussi Julie, Solenne -qui a fait la couverture du podcast-, Blandine et toutes les personnes que j’oublie sûrement à qui j’ai parlé de ce projet et qui m’ont encouragée avec leurs compliments et leurs retours positifs) très sincèrement Merci.

Et puis merci aussi à Jeremy Frerot, Vianney, Ben Mazué et Benabar qui – sans le savoir avec leurs chansons “Fais-le”, “J’ai essayé”, “l’envie” et “on lâche pas l’affaire” – m’ont redonné pas mal de courage ces dernières semaines quand mes petites voix intérieures me martyrisaient un peu. Vous avez des moments de doutes, écoutez cette playlist spécial “motivation”, c’est un vrai remède au découragement et au doute 😉

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