Journal d'un confinement,  Où cours-je ?

Semaine 5. Si tout va bien…

Encore en vacances

Cette deuxième semaine de vacances confinées a été de nouveau très tranquille. Plutôt douce. Pépère. Des vraies vacances !

Les enfants ont tout de même ressenti plus d’ennui que la première semaine. La journée de samedi et dimanche je les ai souvent entendu dire “mais on s’ennuie”.

On a pas toujours respecté la demi-heure de temps calme/lecture. Mais les enfants ont souvent eu du temps dans leur chambre, ou dans le jardin.

Par contre, il y a toujours un moment dans la journée (vers 17h30, 18h) ou leur énergie est au climax, là ou moi j’ai au contraire encore plus besoin de calme…. Cela a beau être les vacances, les aller-retours dehors, la porte-fenêtre du jardin qui claque toutes les cinq minutes… Cela me faisait sortir de mes gonds systématiquement. Peut-être faudrait-il qu’à ce moment là de la journée je file m’enfermer dans ma chambre…

Bruno a tout de même travaillé jeudi et vendredi, et cette fois-ci il s’est mis dans mon bureau/atelier ; lui qui me disait au début du confinement que le bazar ambiant de mon bureau le perturberait pour travailler, aujourd’hui il préfère mon bazar à l’ambiance parfois agitée de l’école à la maison avec les deux tornades !

Le 11 mai, si tout va bien …

On a démarré la semaine avec l’intervention de notre Président à la télévision lundi soir. On a pris un apéro devant la télé. On a essayé d’écouter ce qu’il disait derrière le flot incessant de paroles de Gaspard… Encore un truc incroyable que provoque cette crise. Nous étions près de la moitié des français à être devant notre poste de télévision. Il bat des records d’audience Manu ! Bon, évidemment on s’en doutait, le confinement est prolongé de 4 semaines, si tout se passe bien, comme ils le prévoient. Les écoles réouvriront progressivement.

Au départ j’étais presque déçue que la reprise ait lieu si vite, non pas que cette situation de confinement me convienne, car cela signifie pour l’entreprise dont je suis salariée, plusieurs semaines encore sans activité et c’est vraiment pas top. Mais je m’étais tellement préparée à ce que la reprise n’ait vraiment lieue qu’en septembre, que je me suis dit “mince, mais le 11 mai, c’est demain”. Cela m’a donné sur le coup un sentiment d’urgence : “oh là là, mais avec tout ce que je voulais faire, je ne vais pas avoir le temps”. Et en fait je me suis rappelée que je ne m’étais fixée aucun objectif précis. Alors c’est sûr que du coup, je ralentis vraiment, je prends mon temps et la “to-do mentale” ne se raye pas très vite. Mais en fait je n’ai pas vraiment de to-do, je fonctionne à l’envie. Si sur le moment j’ai envie de passer 3h à ranger une pièce, je m’y mets. Si j’ai envie de coudre, je le fais, si j’ai envie de trainer, je le fait. Je n’ai pas envie de me mettre une quelconque pression. Elle est suffisamment présente dans notre quotidien d’avant. J’ai vraiment envie de profiter de ce temps long pour expérimenter une vraie période sans “je dois”. J’expérimente pleinement ma motivation intrinsèque, “j’ai envie”, “j’ai besoin”… Et cela change tout. On a souvent besoin de pas grand chose pour passer une bonne journée ! J’abandonne cette notion de “rentabilité” du temps qui nous est offert. Pourquoi a t-on sans cesse cette impression que lorsqu’on ne fait rien de spécial, on “perds” notre temps ?! … Sacré question n’est-ce pas ?

Et après ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres en ce moment. Et après ? Que sera notre société ? Comment la reprise va pouvoir se faire ? Quelle va être la situation politique, économique, environnementale, sociétale ? J’ai pas envie non plus de trop me projeter, un changement radical me fait peur, et le retour à la “normale” aussi. Je crois que ce virus, son imprévisibilité, l’état de nos connaissances à son sujet, qui s’améliore au fur et à mesure des semaines mais qui sont encore bien incomplètes, nous invite justement à ne pas trop nous projeter, à accueillir ce qui vient tel que ça vient. C’est sans doute la grande leçon de cette crise. On ne sait jamais vraiment de quoi demain sera fait, malgré toutes les prévisions, les planifications. L’instant présent est le seul instant où on a le pouvoir de faire bouger et changer les choses. On a jamais aucune emprise ni sur le passé, que l’on ne peut pas changer, ni sur le futur, que l’on ne peut que rêver, et influencer en choisissant d’agir ici et maintenant, mais sans avoir jamais complètement la certitude que nos actions seront suivies des effets attendus. Alors comment avec un tel virus encore inconnu il y a 6 mois, peut-on savoir dans quel état la France, le Monde se trouvera le 10 mai au soir avec toutes ces choses que ni le gouvernement, ni les habitants de cette planète peuvent contrôler entièrement ?

Alors oui, le boulot du gouvernement c’est de prévoir. Car s’il n’est pas assez prévoyant on l’accusera d’être inconscient, et s’il est trop prévoyant, on le dira trop liberticide. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans les médias. Il y a une levée de boucliers générale sur la date du 11 mai, qui semble être bien trop tôt pour nombre de français, notamment ceux étreints par la peur. Les oppositions au chef de l’état disent qu’on ne sera pas prêts. Et les syndicats de tout bords commencent à monter au créneau en disant que le gouvernement est inconscient des risques qu’il fait prendre aux travailleurs. On accuse le chef de L’État de privilégier l’économie à la santé. Je trouvais les membres des partis de l’opposition bien silencieux depuis le début de la crise. Bim. Cela n’a pas loupé : l’unité nationale qui prévalait dans les médias jusque là commence à se fissurer sérieusement et les débats n’opposent plus seulement les scientifiques sur l’intérêt de la chloroquine, mais la politique reprends ses bonnes vieilles habitudes. On critique. On reproche. On accuse. Bref.

J’ai décidé de ne pas faire de plan sur la comète, de ne pas me projeter dans la reprise. Je me dit que nous saurons bien assez tôt ce qu’il faut savoir pour ce qui concerne notre déconfinement, etc… Il y a tellement de chose que je ne contrôle pas : la date de réouverture des centres commerciaux, la trésorerie qu’auront encore mes employeurs à ce moment-là, le volume des commandes…, les conditions de reprise de l’école en Ile de France … Je me dit donc que l’important c’est ce que va être mon aujourd’hui, ce que je vais choisir de faire et ce que je vais vivre. Que ce que je contrôle est la seule chose qui mérite que je m’en soucie et que je dépense de l’énergie. Le reste n’étant pas de mon ressort, il est plus sage d’accepter que je n’ai aucun pouvoir dessus, et donc que je n’ai pas à m’en soucier pour le moment, que les choses peuvent encore tellement bouger en quatre semaines. Mon seul pouvoir : apprendre aux enfants à respecter au maximum les gestes barrières, pour qu’il puissent reprendre l’école dans de bonnes conditions, coudre des masques, puisque je sais le faire. Et s’assurer que mes enfants vivent le mieux possible ces prochaines semaines pour que psychologiquement ils ne soient pas trop impactés par ces longues semaines enfermés à la maison, loin des copains. ça c’est mon pouvoir. Le reste je le laisse au destin. Puisqu’il s’agit bien de cela quand on parle de pandémie et de nouveau virus où personne n’est capable de mettre sa main à couper quant à l’évolution de l’épidémie.

Aléa jacta est.

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