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No man’s land [Confinement S02 – Ep03]

[Semaine du 9 au 13 novembre]

La seconde semaine de confinement n’a chez nous pas vraiment eu le visage d’un confinement… A part la désormais présence quatre jours sur cinq de Bruno à la maison, ce qui me simplifie bien la tâche du soir car c’est toujours plus facile de gérer à deux le fameux marathon du soir, Camille est au collège, Gaspard à l’école (quand il ne tousse pas…) et moi au boulot. Cette semaine ressemblait donc à toutes nos semaines depuis le début de l’année ou presque.

A part mon moral en berne, il faut l’avouer, le confinement ne change vraiment pas grand chose pour nous, nous sortons peu le we, sauf pour nos activités associatives, mais on invite peu, et on est peu invités, et si on sort c’est rarement pour faire autre chose que se balader dans la nature ou faire les courses essentielles… Donc, le confinement ne nous prive que d’une partie de nos activités associatives.

Cette deuxième semaine de confinement pourtant, n’a pas été simple à vivre de mon côté. Je suis toujours dans un brouillard émotionnel, un rien m’énerve, je me sens fatiguée, vidée de toute énergie. La reprise du boulot a été épuisante. Je le savais, mais je l’ai expérimenté violemment après quinze jours d’arrêt pour Covid, j’ai un boulot vraiment physique !!! Le pompon a été jeudi, où une de mes jeunes collègue m’a profondément énervée pour des broutilles. Et ce n’est tellement pas mon genre…

Le mercredi férié au milieu a eu le goût d’un dimanche et comme c’est le cas souvent, ce fût une journée cocooning. Les seules envies que j’ai eu, c’est cuisiner un cheese-cake (pour le manger aussitôt, of course), et un crumble au potimarron. Je me suis surprise a réussir à cuisiner à deux reprises, et à faire du ménage. En ce moment, je n’ai envie de rien, surtout pas de me contraindre aux tâches ménagères. Ecrire ne me provoque pas plus d’enthousiasme que ça, et le concours d’écriture dans lequel je m’étais lancée avec un objectif de 50 000 mots écrits d’ici fin novembre ne sera pas atteint, les exercices de l’atelier d’écriture auquel je participe en parallèle n’avancent pas vite non plus, et le reste de mes projets avancent comme un escargot, ou une tortue au choix… Je n’ai tout simplement pas l’énergie/l’envie/l’inspiration. Et quand elle est là, je fatigue tellement vite, que les idées s’embrouillent rapidement et que je m’arrête (EDIT au moment de cliquer sur “publier” : j’aurais mis plus de trois jours à écrire ce billet, quand il ne me faut que quelques heures d’habitude !). Je ne sais pas si c’est un symptômes post-Covid, ou si c’est la conséquence de mon moral au ras des pâquerettes, mais j’ai l’impression d’avoir le cerveau sans cesse dans le brouillard… Alors quand il y a une fulgurance j’en profite, cela ne dure jamais bien longtemps.

Malgré les jours qui passent, je ne suis pas vraiment parvenue à repasser dans le côté optimiste, à mobilier ma joie et retrouver le lâcher-prise que j’avais fini par adopter durant le premier confinement. La frustration à voir certaines de mes activités restreintes est largement gérable. Tellement de choses à faire, de projets sur le feu à la maison, je n’ai pas peur de l’ennui ou de l’isolement. J’ai davantage peur du huit-clos en famille, je ressens beaucoup d’inquiétude sur l’avenir de la société, de notre pays, l’avenir démocratique. L’impression d’être dans un tunnel et de ne voir que de l’ombre au bout du tunnel, aucune lumière, aucun espoir. C’est surtout tout ça qui fait que je me sens fragile et démunie. Au boulot, j’ai attendu chaque jour la fin de journée avec impatience, puis la fin de semaine, et je redoute de nouveau le lundi matin sans savoir où l’on va, en me demandant chaque jour ce que je foutais ici.

Côté actualité et ambiance du pays… Je me suis sentie profondément pessimiste. La sortie du documentaire Hold-Up, qui d’après les médias, et un certain nombre d’observateurs est un ramassi de thèses complotistes, les polémiques depuis le mois de mars qui divisent les familles, les amis, la défiance des français envers le gouvernement, la violence des propos sur les réseaux sociaux et les commentaires sur les sites des médias, la tension générale du pays, et toutes ces croyances plus ou moins farfelues exposées par des experts plus ou moins à tendance complotistes dans les médias, tout cela me fait peur. Car je crains que tout cela ne soit une vraie autoroute pour des ambitions politiques de personnalités totalitaires, ou pire pour les prochaines années. Si je devais hiérarchiser mes peurs, j’ai bien plus peur des conséquences de cette crise sur l’avenir de notre pays que du virus en lui-même. Et puis je suis tombée sur une publication de Cyril Dion où il évoquait la question des thèses complotistes et des conséquences de cette crise sanitaire sur ce mouvement de croyances farfelues. En quelques mots, je mettais enfin en ordre tout ce que je ressentais et n’arrivait pas à expliquer.

Pour résumer sa pensée : on a beau ne pas en phase et d’accord avec la plupart des mesures prises par le gouvernement français, le combattre et essayer d’influencer ses décisions et sa politique en militant, on a beau ne pas être en phase et craindre les évolutions et dérives de notre société, cela ne veut pas dire que nous devons adhérer à toutes les croyances et thèses complotistes qui apparaissent comme les seules alternatives à la politique de crise menée par nos gouvernements. Un entre-deux est possible. Voilà un extrait de sa publication :

Je suis terrifié par l’amalgame qui est fait de tous ces éléments (il parle des méfiances légitimes qu’on doit avoir sur les politiques, la stratégie du choc et tout ce qui se passe en ce moment) pour les enfourner dans de grossières théories (ordre mondial et cie) qui malheureusement ne datent pas d’hier (je renvoie à nouveau sur les 1er épisode du podcast) et qui sont fondées sur ce que l’on appelle aujourd’hui des “faits alternatifs”. Pourquoi suis-je terrifié ? Parce que dans l’histoire, l’adhésion massive à ces théories, la victoire des croyances sur les faits, a fait le lit des pires totalitarisme et a donné lieu à des tragédies comme la Shoah. Car, comme vous l’avez sans doute remarqué, ces théories mènent bien souvent à une source commune : l’idée que les juifs sont à l’origine de ce supposé ordre mondial qui cherche à contrôler le monde. Voilà pourquoi, même si vous pensez que je suis un imbécile, que je n’ai rien compris et que vous êtes infiniment plus clairvoyants que moi, je vous encourage à écouter ces podcasts.

Post de Cyril Dion sur Facebook le 13 novembre 2020.

Le podcast dont il parle c’est celui-ci : France Culture – Les Mécanismes du complotisme.

Il y a aussi eu cette vidéo de “Partager c’est sympa” qui parle du complotisme et des craintes que je partage…. et qui ne m’a pas rassurée du tout, au contraire, m’a confortée dans ce malaise que je ressens dans la société en ce moment.

Cette semaine, après mon dernier billet “et en même temps”, j’ai compris que je n’avais pas à choisir entre complotiste ou soutien du gouvernement. Non, il y a bien un entre-deux. Cela m’a donc quand même un peu apaisée de dénouer cette tension en moi.

J’ai le droit d’avoir peur du Covid et pour nos soignants et en même temps trouver que les médias en font peut-être un peu trop ou que certains minimisent de trop la crise. J’ai le droit d’avoir peur pour l’économie de notre pays et trouver que le confinement total aurait été une meilleure décision, même si je n’en aurais sans doute pas supporté les conséquences. J’ai le droit de me sentir ni complètement de ceux qui s’opposent à tout ce que dit/fait le gouvernement, ni complètement de ceux qui trouvent qu’ils gèrent très bien la crise. J’ai le droit de penser que gouverner par la peur et d’infantiliser les français n’est pas la meilleure solution, mais d’avoir quand même peur moi-même pour l’avenir de notre système de santé et râler contre ceux qui prennent tout ça bien trop à la légère. J’ai le droit de penser qu’entretenir l’optimisme et la joie au quotidien devrait être notre préoccupation à tous, et la mienne en particulier, mais avoir tellement de mal à m’appliquer à le faire. Les médias sont tellement dans les extrêmes, que la parole de ceux qui savent apporter des nuances à tout ça, sont inexistants médiatiquement parlant. Ils doivent être trop tièdes, trop mièvres, pas assez clivants, pas assez “audimat friendly”. Mais du coup, quand tu es dans cet entre-deux… tu ne te sens appartenir à aucune des “positions” prédominantes et tu te sens perdue, à part…

Encore une fois c’est les mots d’une autre personne qui m’ont éclairée sur ces émotions multiples et complexes que je ressens. Depuis longtemps, et encore plus depuis le début de la crise, je suis le compte l’Optimisme sur Facebook et le compte de Et si on souriait sur Instagram (il y a Catherine Testa derrière ces deux comptes) et ses publications me font toujours beaucoup de bien…Parmis ses dernières publications, il y a ces deux-là qui m’ont tellement réconfortées ces derniers jours, que je vous les partage !

Après cette semaine maussade, l’épisode numéro 4 du confinement saison 2, sera un tout petit peu plus lumineuse. J’ai renoué (un peu) avec la joie et le plaisir… et avec des envies de lecture. Je vous en parle bientôt.

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