Entreprendre,  Où cours-je ?

Se faire respecter

On m’a manipulée. Une cliente. Enfin, non. Deux clientes.

Un couple m’a manipulé les premiers mois d’activité de mon entreprise. Moi la débutante, je me suis fait roulée dans la farine, mais en même temps, c’était facile, peu sûre de moi, j’ai mis à jour une faille, ils se sont engouffrés dedans. Facile. Imparable. C’est comme si j’avais ouvert la porte à un cambrioleur, comme si j’avais laissé la clé sur la portière de ma voiture.

A l’époque, je m’étais dit : c’est trop dur d’être entrepreneure, si c’est pour se prendre la tête avec tous les clients et si c’est pour se retrouver dans des situations compliquées et n’avoir que des clients pas sympa, pas la peine.

J’ai fait face, j’ai tourné la page et cela s’est effacé au fil du temps de mon esprit. Mais je crois que j’ai profondément été marquée par cette mauvaise expérience. Il s’est imprimé des choses en moi.

Et puis ces dernières semaines. De nouveau. Une cliente. Qui a profité de mes failles, de mes petites erreurs, de celles qu’on fait quand on relâche son attention, et quand on fait “comme d’habitude” parce que cela fonctionne toujours bien. Elle m’a poussée dans mes retranchements, et j’ai dit des mots qui m’ont desservie, qui ont avoué ma faiblesse. J’ai osé me montrer vulnérable. Grave erreur, c’était le début de l’engrenage.

Alors évidemment, la responsabilité de ce conflit et de cette relation pourrie est en grande partie sur les épaules de ma cliente. Je n’aurais pas eu à faire avec elle, je n’aurais pas vécu cette situation, mais j’ai aussi une part de responsabilité: je n’ai pas fait respecté mes besoins, ma personne.

J’ai donc identifié ce qui m’avait manqué, ce que j’avais loupé pour en arriver à cette situation.

J’ai oublié les accords toltèque et en particulier le premier d’entre eux

Que votre parole soit impeccable

Parlez avec intégrité, ne dites que ce que vous pensez. N’utilisez pas la parole contre vous ni pour médire d’autrui.

Résultat, je me suis fait embarquée dans un conflit qui n’avait aucune issue positive possible pour moi en prononçant des paroles contre moi (que je m’étais trompée, et que j’avais mal géré le dossier…). Je me suis sentie plusieurs fois coupable, je me suis maudite, je me suis trouvée nulle, j’ai ressenti une colère et une tristesse immenses suite à ces événements où je m’étais moi-même sabotée. A cause des propos de ma cliente, mais surtout à cause de ce que j’avais pu dire et qui n’avait qu’encouragé ma cliente à utiliser ma faiblesse pour la retourner contre moi.

Et puis je me suis servie de deux autres accords toltèques pour digérer et relativiser.

N’en faites jamais une affaire personnelle

Ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité. Lorsque vous êtes immunisé contre cela, vous n’êtes plus victime de souffrances inutiles.

Faites toujours de votre mieux

Votre “mieux” change d’instant en instant. Quelles que soient les circonstances, faites simplement de votre mieux et vous éviterez de vous juger.

J’ai aussi lu quelques articles sur les clients manipulateurs et évidemment ma cliente avait plusieurs traits communs avec le portrait type du client manipulateur et cela n’excuse pas son comportement, mais je pense qu’elle-même n’est pas tout à fait bien dans ses baskets et que ce qu’elle me reproche est évidemment une projection de sa réalité bien compliquée (presque maladive…).

Il m’a donc fallu une sacré dose de bienveillance envers moi-même, une bonne dose de mantra “tu as fait de ton mieux, comme tu pouvais, tu viens d’apprendre beaucoup de chose, cela te servira pour plus tard, tu vaux mieux que ce que pense ta cliente…” pour remonter la pente.

Ces deux expériences ont réveillé en moi des choses du passé. Enfant, collégienne, j’ai régulièrement été la risée de petits groupes de copains (ou j’avais l’impression d’être la risée…), la petite fille introvertie un peu naïve dont on se moquait, et qui avait du mal à se faire des copains/copines. Qui détestait les conflits et qui fuyait et se faisait marcher sur les pieds quand elle se retrouvait dans une situation conflictuelle. D’aussi loin que ma mémoire m’emmène, j’ai toujours été une enfant/adolescente qui ne savait pas se faire respecter.

J’ai toujours eu peur de ne pas plaire, peur d’être rejetée. Et quand une personne en face me faisait comprendre par ses mots et son attitude que je n’étais pas assez comme cela, ou que je ne répondais pas à ses besoins, je prenais peur, je culpabilisais – et j’oubliais mes propres besoins.

Peur de ne pas satisfaire. Peur de ne jamais faire assez. Ajoutez à cela ma gentillesse naturelle, et vous obtenez le cocktail idéal pour être victime de manipulation.

J’ai eu de la chance de tomber dans ma vie personnelle sur des gens qui ont toujours été respectueux. Je n’ai aucun souvenir de manipulation côté personnel. Sans doute que mon équipe d’anges gardiens a bien fait son job, ou en tout cas, que le destin a décidé que je n’avais pas besoin de vivre cette épreuve là dans ma vie personnelle.

Mais comment faire alors pour se faire respecter ?

Ce que j’ai appris de ces expériences professionnelles, est riche et rejoint évidemment beaucoup de prose qu’on peut lire sur le sujet de la manipulation et de la bienveillance envers soi-même.

J’en ai déduit qu’il faut d’abord se respecter soi-même. Accepter qui on est. Accepter ses traits de caractère. Savoir en faire des forces et non des faiblesses. Ne pas chercher à changer pour s’adapter aux autres.

J’ai compris combien il était important d’identifier ses émotions et d’en déduire ses besoins. Les émotions des autres ne doivent pas devenir les nôtres, et c’est souvent ce qui pêche dans une relation de manipulation. Prendre l’émotion de l’autre pour ses émotions est un piège, car du coup cela étouffe nos propres besoins et notre manipulateur prends le contrôle.

A partir du moment où on a identifié ses besoins, il est plus facile de dire “stop”, ou de refuser quelque chose et de savoir s’imposer et se faire respecter.

La manipulation ce n’est qu’une “soumission librement consentie”. C’est à dire que le manipulé considère que le manipulateur a davantage de valeur que lui, il faut donc travailler la confiance en soi et l’estime de soi.

Je pensais avoir déjà fait pas mal de progrès dans ces domaines, mais je m’aperçois que ce n’est pas encore complètement acquis et qu’il me reste du travail à faire.

Mais voilà encore une leçon et un apprentissage riche.

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