Etre soi-même,  Imaginer

J’écris donc je suis

Vous ne le savez sans doute pas, même si vous devez l’imaginer, mais moi et l’écriture c’est une grande histoire d’amour qui dure depuis pas mal d’année… Je ne saurais pas vous dire quand cela a commencé exactement. Mon plus ancien souvenir est sans doute celui de mes journaux intimes que j’avais au collège. L’un d’entre eux avait une couverture jaune d’or, il était à petits carreaux et avait centre quatre vingt douze page, en reliure cousue avec une tranche en tissu grise. J’avais customisé la couverture avec des découpages d’images dans les journaux et j’avais plastifié le tout : il y avait un lionceau entre autre. Il y a en a eu plusieurs autre ensuite, dont un avec une couverture vert pomme. A moins que ce soit chronologiquement l’inverse. J’ai toujours aimé trouver les bons mots, former des mots, qu’ils soient aussi beaux dans leur forme que sur le fond. J’aimais aussi beaucoup la sensation de la plume de mon stylo plume qui glissait sur le papier. J’ai aussi pas mal écrit au stylo bille. J’ai toujours eu mes stylos chouchous, car comme quand je relookais des meubles, le plaisir d’écrire était pour moi aussi presque un plaisir charnel. La qualité du papier a toujours été un critère important pour le choix de mon support. Petite je détestais les copies à carreaux qui faisaient moins de 80gr/m². Je trouvais que la plume du stylo glissait moins bien, et que le papier n’était pas assez doux. Quand ma mère achetait des paquets entiers de copies “pas chères” de sous-marque, j’étais déçue. Mes cahiers étaient donc des cahiers au papier doux, que j’aimais toucher, caresser.

Adolescente et au début de ma vie d’adulte j’en ai noirci des pages et des pages manuscrites. Après il y a eu l’informatique, les claviers. Et la sensation de la plume qui glisse sur le papier s’est transformée en jubilation d’avoir un rythme de frappe aussi rapide que ma pensée et que les mots qui me viennent à l’esprit. Aujourd’hui, le bruit des touches du clavier me procure aussi pas mal de plaisir. Vingt ans de kif pur lors de ses séances d’écriture. Et il y a en eu des séances d’écriture !

Il y a eu des débuts de romans, d’histoire, écrit à la main sur des feuilles lignées.

Il y a eu un recueil de poèmes.

Il y a eu le journal du lycée où j’ai écrit des éditos, des articles. Je ne me suis souvenu que récemment qu’à cette époque je voulais devenir journaliste de presse écrite. Il y a eu des bulletins pour les associations dans lesquelles j’ai été bénévole.

Et puis il y a eu pas mal de correspondance plus ou moins régulières avec des ami.e.s, ou membres de ma famille (parfois même avec des gens que je voyait tous les jours au lycée), et ensuite avec mon homme. Aux débuts de notre relation, il avait régulièrement droit à une lettre même si on se voyait le jour même. J’ai aussi participé à un concours de nouvelle à cette période là aussi. Je n’ai pas remporté de prix.

Une année, mes amis m’ont offert un petit canard jaune en plastique pour mon anniversaire. Il est devenu la mascotte de mon premier blog “coin-coin et cie”. On l’emmenait partout avec nous, en voyage et on le prenait en photo, un peu comme Le nain de jardin du papa d’Amélie Poulain. Je racontais ensuite ses aventures et les nôtres aux passage dans mon blog.

Enceinte de Camille j’ai jeté tous mes écrits “papier” : mes journaux intimes d’adolescente, mon début de roman et mes nouvelles, mes journaux du lycée (que je mettais en page sur Publisher) et mes correspondances. Je ne m’explique pas ce geste. Je n’identifie pas précisément l’état d’esprit qui m’animait alors. C’était sans doute dans ma tête à l’époque de la “niaiserie” d’adolescence, une certaine moquerie envers moi-même, peut-être même une honte et un acte désespéré aussi sans, doute, il était trop tard, je ne pourrais jamais être journaliste ou écrivaine… Je devenais une maman et donc devait devenir un adulte responsable et mature… Inconsciemment, je ne voulais plus de tout cela dans ma vie. J’avais peut-être comme croyance que je devais faire table rase du passé (et faire de la place par la même occasion). Je ne saurais jamais si tout ça est lié, mais après la naissance de ma fille je suis tombée gravement malade. Quand on s’intéresse aux causes psychosomatique des maladies, on est conscient que le cancer peut-être une maladie qui arrive pour vous alerter sur un reniement, une fausse route que l’on empreinte, … On se laisse envahir par des cellules qui ne sont pas nous, qui sont “étrangères” à nous. Comme si on laissait entrer dans sa vie quelque chose qui ne nous correspondait pas. Professionnellement, c’est aussi la période où je me suis écartée de ma formation de base. J’ai mis longtemps à faire le rapprochement. Et si, en effet, le fait de jeter toute cette production écrite – au delà du gâchis intellectuel et créatif – avait été un reniement de ce que j’étais et de ce qui m’animais profondément ?! J’y pense de plus en plus… et il faut que j’apprenne et j’accepte de me pardonner de n’avoir accordé aucune valeur à mes écrits d’adolescente, ou en tout cas pas suffisamment pour avoir une place de choix dans ma vie et mes archives personnelles. J’aurais aujourd’hui encore accès à mes écrits, je crois que j’aurais bien du mal à me relire ou j’en rirais beaucoup. Mais aujourd’hui, ils rejoindraient quand même précieusement la boîte à souvenirs, celle que j’aimerais transmettre à ceux qui me survivront.

D’ailleurs si toi qui lis ces lignes et que tu as été le destinataires de certaines de mes lettres, que tu détiens certains de mes écrits, ou que tu as gardé des choses que j’ai écrites (poèmes, journal du lycée…) je veux bien que tu m’en fasse parvenir une copie, à défaut de l’original (que tu voudras peut-être conserver) que je puisse reconstituer, même une infime partie de ce trésor que j’ai jeté il y a treize ans.

A la naissance de Camille et durant mon traitement pour mon lymphome d’Hogdkin j’ai moins écrit et j’ai fini par laisser tomber le blog “Coincoinandcie”. Il est devenu “la petite vie de Camille” mais j’avais vraiment du mal à l’alimenter. Durant mes années de jeune maman d’autres blogs thématiques sont rapidement passés dans ma vie : un blog sur la couture quand je m’y suis mise, puis un autre qui n’était pas ma création mais une aventure collective militante et politique quand ma déception fût grande après l’élection de François Hollande (oui j’ai été une sympathisante presque militante de la droite pendant un temps… personne n’est parfait). Et puis il y a eu mon aventure entrepreneuriale qui m’a aussi beaucoup fait écrire.

Depuis tous les blogs que j’ai ouvert puis fermés, tous mes écrits sont sauvegardés. J’ai édité un petit livret pour le blog Coin-coin and Cie pour en garder une trace. Je vais sans doute faire de même pour mon blog Jaune Hirondelle et sans doute pour celui-ci, s’il doit s’arrêter un jour.

Pendant tout ce temps un rêve de petite fille ne m’a jamais quittée. Celui d’écrire un livre. Pendant un temps je me suis dit qu’un livre peu importe le genre me conviendrait. J’ai pensé au guide pratique sur un thème déco à un moment. Mais non, en fait c’est vraiment l’idée de raconter une histoire et de faire voyager des lecteurs dans mon univers qui m’anime. Souvent, dans ma tête j’imagine même des scènes de film, des scènes de romans, avec une description précise du décor, de l’ambiance, de l’état d’esprit des protagonistes. Quand une musique m’émeut, j’imagine le clip qui pourrait aller avec ou alors les plans que pourrait faire la caméra si cette musique était la BO d’un film. Je n’exploite jamais ces idées, ces images, ces scènes qui sortent de nulle part, de mon imaginaire sous mes yeux ébahis. Elles n’existent que dans mon imagination, de manière éphémère. Quel gâchis !

Le syndrome de l’imposteur (qui je suis moi pour écrire un roman, pire encore un scenario…) la procrastination et l’auto-sabotage m’ont jusque là mis des sacrés bâtons dans les roues… mais j’ai décidé que cela suffisait et qu’il fallait que je prenne à bras le corps ce rêve, que je m’en donne les moyens et que c’était le moment de travailler sérieusement sur ce projet. J’ai donc mis en place plusieurs choses pour y arriver. Et je me suis lancé entre autre un sacré challenge : relever le défi “Nanowrimo”. Qui est un défi d’écriture qui démarre fin octobre et dure un mois. J’aurais donc un mois, trente jours pour écrire 50 000 mots, soit environ 1670 mots par jour (environ trois pages Word). De quoi bien avancer sur mon projet de roman. Je ne suis pas certaine d’y arriver et si je vous en parle ici c’est aussi pour que vous soyez témoin de cet engagement. Cela ne sera pas simple je le sais mais je choisis de faire de mon mieux et le maximum pour y arriver.

Il me reste deux petites semaines pour finaliser le travail préparatoire : finaliser le travail sur mes personnages, travailler les ressorts dramatiques, et la structure globale de l’histoire. Et le 31 octobre je me lance pour un marathon de trente jours d’écriture quotidienne ! Je ne sais pas si j’aurais le temps/l’envie/l’énergie pour venir écrire ici où j’en suis et comment je m’en sors. Mais j’aimerais aussi consigner aussi par écrit mes impressions sur ce défi. Et là, je dois l’avouer, je remercie presque le couvre-feu qui va me permettre de n’avoir aucune distraction en soirée durant six semaines. Et donc presque plus aucune excuse ! Et si je n’arrive pas quotidiennement à écrire pour mon projet de roman, je me fait la promesse d’écrire quand même chaque jour. Une bonne habitude que je veux prendre.

Affaire à suivre donc…

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