Etre soi-même,  Où cours-je ?

Je ne fais pas la gueule, je suis une introvertie

Après un énième échange avec une personne chère à mon coeur qui entretient des croyances à mon égard sans chercher à comprendre qui je suis vraiment au fond, (ce qui devient profondément blessant à force)… et parce que je sais que beaucoup d’introvertis subissent ces mêmes croyances erronées ; j’ai eu envie de pousser un coup de gueule !

Je suis quelqu’un de jovial, de doux, de sympathique qui donne le change en société … surtout dans le domaine professionnel, et dans l’intimité ou alors entourée de personne très proches.

Mais une introvertie pour de vrai. C’est ma nature je suis comme ça. On ne me changera pas.

Pour éviter de vous entendre dire “mais tu n’es pas timide, toi…”(si si certains d’entre vous qui me connaisent l’auront pensé !) il faut distinguer la timidité de l’introversion.

La définition de l’introversion, c’est ce qui est le contraire de l’extraversion. CQFD. Elle était facile celle-là.

Je vous épargne la lecture de Wikipedia, des articles de Psychologies Magazines etc… et vous fait un rapide décryptage.

L’introverti est plutôt une personne dont l’énergie s’épuise rapidement dans un grand groupe, dans un environnement bruyant et qui sera au contraire en pleine possession de l’ensemble de ses moyens intellectuels, cognitifs et vraiment elle-même en petit comité et dans un environnement calme. C’est une personne qui est posée, réfléchie, dont la vie intérieure est riche (parfois trop…). Quelqu’un qui a besoin de temps et d’espace. Plus que la moyenne. Dans la vie quotidienne, elle préférera les échanges écrits qu’oraux (elle deteste le telephone et préfère échanger par sms, lui permettant de choisir plutôt tel mot qu’un autre…) elle trouvera davantage d’intérêt à un échange en tête à tête qu’un grand dîner entre amis. En vacances en famille, elle choisira le transat et un bon bouquin plutot qu’une partie endiablée (et bruyante) de pétanque avec toute la smala. Et elle ne répondra pas à son téléphone si elle est obligé d’interrompre son activité. Elle réfléchira souvent longtemps avant de prendre une décision. Elle evitera tout forme de conflit et les grandes discussions animées et conflictuelles la videront de toute énergie. Elle préfèrera taire ses difficultés plutôt que d’aller chercher de l’aide. C’est une personne chez qui on observe souvent un visage peu expressif, un visage sur lequel il est difficile de lire les véritables émotions et ce qui se passe dans la tête. Bref. Une personne tournée plutôt vers son intériorité – mais pas dénuée de sensibilité au contraire. C’est malheureusement ce que beaucoup d’extravertis imaginent en observant leur parfait opposé, quand ils ne supposent pas à tort que la personne est dépressive, triste, voire même fait la tronche.

Combien de fois j’ai entendu un “ça va ?” inquiet alors même que j’étais contente d’être où j’étais et que j’étais loin de ressentir peur, stress, fatigue ou toute autre émotion désagréable.

Régulièrement on me dit “tu as l’air triste, fatiguée” (merci l’affaissement du contour du visage post-trentaine) ou alors on pense que je fais la gueule. Ça c’est pour la version qui me fait le plus “grrrrr” et qui me vaut régulièrement dans mon entourage proche des reproches du genre “Mais on dirait que t’es pas heureuse de nous voir”. D’autres verront dans mon visage peu expressif, ma personnalité douce, posée, et rassurante ; et cette version que je préfère car elle résonne bien mieux avec ce que je pense être.

Donc je suis bien une introvertie un peu timide, évidemment mais pas plus ou moins que la moyenne… je n’hésite pas sur un salon professionnel à aller vers des inconnus même si ce n’est pas l’exercice que je préfère je vous l’accorde. Je suis capable de sortir une phrase sans rougir et de faire rire quelqu’un dans une file d’attente de supermarché si je trouve le bon mot d’esprit qui va bien. Mais il ne faudra pas que ce soit une banalité genre… “fait pas beau ? hein”…

Par contre, je ne pourrais pas vivre dans une société comme aux États-Unis où l’effusion parfois très artificielle des émotions sont monnaie courante dans les relations sociales.

Et ici en Occident, dans cette société de la démonstration qui reconnaît comme réussite sociale celui qui se mets en avant, qui réponds aux injonctions “sois fort”, “reussis”, “progresse”, “gagne bien ta vie”… dans une société où on impose aux enfants de faire la bise à des adultes qu’ils ne connaissent pas, de raconter ce qu’ils ont fait durant le we à de parfaits inconnus, et de participer à l’oral en classe, dans cette société du paraître, du “faire” plutôt que de l'”être”, du conformisme ; dans notre société du toujours plus, toujours vite qu’il est difficile d’être un introverti qui a besoin de temps et d’espace !

Je ne ressens pas moins de joie ou de bonheur que les extravertis, je n’ai pas plus ou moins de personnalité ou de caractère qu’un extraverti, je ne suis pas plus dépressive ou plus fatiguée… je ne suis pas moins intelligente ou socialement inadaptée… je ressens les choses de manière très intériorisée et perçois le monde différemment. Et souvent je vous jure ça bouillonne à l’intérieur – mais ça ne se voit pas à l’extérieur.

Participer à une soirée bruyante me demande plus d’énergie que quiconque, cela n’empêche pas le plaisir que je prends à y aller – si j’ai pu m’organiser suffisamment de temps à l’avance et que j’ai eu avant du temps “libre” pour moi et que j’en aurais après.

J’ai besoin plus que la moyenne de temps où il ne se passe rien dans ma vie, ou rien n’est planifié, où je peux laisser mon esprit vagabonder librement, mais suis capable sur une tâche qui me passionne d’y passer des heures sans voir le temps passer.

J’ai besoin de profondeur dans les échanges avec autruis, mais la superficialité de certains me repose.

Les personnes qui parlent de leur experiences mais ne m’apprennent rien, ou ne sont pas doués d’esprit critique m’ennuient profondément.

Longtemps j’ai envié les extravertis, leur liberté, leur facilité à se lâcher, à ne rien retenir, à tout dire, tout montrer sans retenue. Leur capacité à se faire rapidement des dizaines d’amis en soirée ! Longtemps je me suis dit que j’aimerais être comme eux. Et puis je me suis aperçue que toute cette vie intérieure était sans doute une chance, une richesse. Que mon calme, ma réflexion, ma capacité d’analyse et ma sensibilité étaient des atouts dans ce monde qui va trop vite et qui oublie d’appuyer parfois sur le frein avant de devoir piler d’urgence. Ce jour-la j’ai enfin accepté mon introversion. J’ai accepté l’idée que j’avais besoin de m’isoler durant les vacances en famille – même si les gens ne le comprennent pas. J’ai compris pourquoi les grandes tablées m’épuisait et que j’attendais toujours le moment du café avec impatience, pourquoi je ne ressentais ni l’envie ni le besoin d’appeler mes proches plus souvent et que je préférais les textos.

Maintenant que j’ai accepté et compris comment je fonctionne, il est plus facile de l’expliquer aux autres et faire respecter mes besoins et les respecter moi-même.

Et donc à ceux qui ne veulent pas comprendre, ne comprennent toujours pas ou ne comprendront jamais je dit f*** et passez votre chemin !

No Comments

  • JCB

    Tu n’es pas introvertie du verbe. J’ai commencé à te lire hier soir. Je pense terminer ce matin. Bisous. Si tu as quelque-chose à dire sur les bisous laisse passer un peu de temps……….
    …..

  • Claire

    Cher JCB, (mais qui se cache donc derrière ce pseudo…?) Merci pour ton commentaire, j’apprécie ton expression ‘introvertie du verbe’… En effet, nous les introvertis avons souvent ce talent de savoir choisir les mots et d’être davantage expressif à l’écrit qu’à l’oral, alors j’essaie ici de le laisser s’exprimer ! Les bisous pourrait peut-être m’inspirer un jour… ou pas !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *