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N’en faites jamais une affaire personnelle

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Je répète souvent à mes enfants quand ils se disputent. “Vous n’êtes pas obligés de vous aimer, vous n’avez pas demandé à naître dans cette famille et à avoir cette fratrie là, la seule chose que je vous demande c’est de vous respecter”.

“Tu n’es pas obligée d’aimer les membres de ta famille !” Qu’est-ce que j’aurais aimé entendre cette phrase quand j’étais petite !

La société comprends encore très mal, et accepte avec difficulté les situations où un membre d’une famille décide de rompre les liens ou de prendre de la distance. Cela ne se fait pas de rompre les liens du sang ! Mais quand ils n’apportent que malheur, disputes, discordances, et incompréhension. Que doit-on faire ? Continuer à jouer à l’enfant modèle et à entretenir les relations familiales parce que “ça se fait” ? Ou alors faut-il se respecter et respecter ses besoins quitte à décevoir, peiner ses proches ?

“Mais pourquoi elle nous parle de relations familiales ?” Vous vous dîtes “rien à voir avec le schmilblick titre son truc-là … ” Si si vous allez comprendre… un peu de patience !

Plus les années passent et plus dans mes relations amicales ou professionnelles, j’ai décidé de ne plus m’encombrer de relations qui m’apportent davantage de souffrance que de bonheur, de joie, de plaisir. Pour me respecter. Parce qu’être critiquée, ou pire accusée d’être responsable du malheur des autres m’est insupportable et que je ressens cela comme une énorme injustice. Premièrement, parce que j’ai déjà largement à faire avec tout ce que je me colle comme responsabilité et culpabilité sur le dos, que je n’ai pas besoin que quelqu’un ajoute dans mon fardeau les responsabilités qu’il veut me refourguer pour que le sien soit plus léger ! Chacun ses responsabilités et les licornes seront bien gardées ! Deuxièmement, parce que je crois être -mais je me trompe peut-être – une personne gentille, serviable, souvent maladroite, un peu handicapée du compliment et du “je t’aime” mais qui déteste les conflits et fait tout pour les éviter en règle générale. Enfin, parce que je suis désormais capable de dire aux gens ce que je suis en mesure ou pas de leur donner selon ce qu’ils attendent de moi, quels sont mes propres besoins, que je sais dire “non” et que je n’ai pas envie de le dire quarante fois comme je le fais avec mes enfants ! Non mais ho quand on est adulte on est censé savoir comprendre, recevoir et accepter un non et gérer la frustration qui peut en découler.

Pour me proteger de ça je sors mon bouclier magique: l’un des accords toltèques dont je parle souvent ici “n’en faites jamais une affaire personnelle”. Lorsque quelqu’un me critique, m’agresse, j’essaie de prendre du recul, car cela ne reflète pas ce que je suis (ou ce que l’autre est), c’est juste sa réalité à lui, et elle peut être particulièrement violente pour la personne en face. Mais cela ne suffit plus quand cela devient récurrent. Car cela signifie que la personne en face est incapable de se remettre en question ou en tout cas incapable de s’interroger que ce qui joue en elle quand elle ressent une émotion désagréable avant de tomber dans le schéma d’accusation malsaine et de déclencher le conflit. Il n’y a plus qu’une chose à faire dans ces cas-là : mettre une vraie distance et rompre les liens car ce sont des liens qui deviennent toxiques. C’est assez facile quand il s’agit de relations professionnelles non directes, ou d’une relation amicale – quelques manips dans son répertoire, sur ses comptes de réseaux sociaux et on est plus en contact. Quand il s’agit d’un proche, un membre de votre famille, c’est plus compliqué, mais peu importe si cela fait mal autour de soi – parce que c’est juste une question de survie.

C’est d’autant plus difficile que la société par du principe que si c’est votre famille, vous n’avez pas le droit de mettre de la distance, que cela ne se fait pas. Il y a aussi la question de la loyaute envers ses parents (au sens large). Se rajoute alors aux émotions désagréables qui émanent de cette relation conflictuelle, le sentiment de culpabilité de ressentir une profonde injustice, de la colère envers le membre de sa famille alors qu’on est censé l’aimer et être loyal puisque c’est notre mère-soeur-frère-oncle (rayez la mention inutile ou rajoutez le membre de la famille qui vous correspond). Pour complexifier encore un peu le truc, rompre le lien avec certains membres de la famille et pas d’autres, risque de compliquer fortement la vie familiale… et de culpabiliser les parents ou autres membres de la famille qui vont se sentir forcément tiraillés entre les deux membres brouillés. Bref on éprouve le sentiment de culpabilité puissance dix mille.

On naît dans une famille, on cohabite durant les premières années de sa vie avec des gens qui ne nous correspondent pas forcément, avec qui on ne développe pas forcément de la complicité. C’est normal. Personnalités différentes, perceptions différentes du monde… Et on a beau recevoir une éducation des mêmes parents, être élevés dans e même système de valeur, à l’âge adulte, chacun développe son propre système de valeur. Devenez-vous systématiquement ami avec toutes les personnes de votre entourage “imposé”, celui que vous ne choisissez pas : collègues, voisins… ? Non. C’est pareil avec les membres de votre famille. Il est normal que vous ne vous entendiez pas avec tous…

La chanson dit “on choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille”.

L’adage dit aussi “Les amis c’est la famille qu’on se choisit”.

Alors j’ai définitivement choisi ma famille. Celle qui sera là je l’espère le plus longtemps possible à mes côtés sans conditions sans rien attendre de moi, rien d’autre qu’être juste moi-même, authentique dans la relation avec tous mes défauts, et toutes mes qualités. Ni plus ni moins que moi-même.

Definitivement mes amis, seront ceux qui n’en feront -eux non plus- jamais une affaire personnelle.

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