Etre soi-même,  Journal d'un confinement,  Où cours-je ?

Comme Bip bip et le coyote

Ouh là là, je ne peux pas reprendre l’écriture sur ce blog, sans constater que depuis le 31 décembre, je n’ai posé aucun mot par ici.

Ces dernières semaines ont été compliquées, et le peu que j’ai écrit, je l’ai écrit pour moi uniquement, avec un stylo, dans un bon vieux carnet. Plus intime. Ce n’était pas pour être lue. Car même si je peux paraître parfois impudique ici, j’ai tout de même de la pudeur, et je ne pouvais pas raconter ce qui m’animait intérieurement ici, même si peut-être que je le ferais plus en détail un jour… car je sais pour l’avoir expérimenté moi-même, que les mots des autres peuvent tellement aider.

Pour ma part, et pour expliquer tout de même un peu ce qui m’est arrivé, je me suis retrouvée comme le coyote dans Bip Bip et le Coyote. Après avoir vécu un déménagement professionnel en septembre, avec toutes les adaptations à mener dans l’équipe qui s’agrandissait en même temps, après trois mois à avoir bossé à fond pour sauver Noël, tout en n’ayant plus quasiment aucune autres activités que auto-boulot-dodo, à cause du reconfinement/couvre-feu…, les jambe et la tête comme des moulinets, en mode automatique, tout en me demandant à quoi me menait tout ça, et quel sens ça avait… je me suis retrouvée à pédaler au dessus du précipice sans m’apercevoir que je n’avais plus rien sous les pieds.

J’ai en effet passé tout le début du mois de janvier à essayer de faire comme si de rien n’était et comme si ce n’était qu’un petit état de fatigue et de tristesse passagère. J’ai continué à aller bosser alors que l’envie, la motivation, l’énergie n’était absolument plus là, le moral plus bas que les chaussettes. Tout le mois de janvier j’ai été secrètement de la team “je veux qu’on reconfine” en espérant que cela aurait été synonyme d’un chômage technique partiel que j’imaginais salvateur pour moi (tout en redoutant les implications que cela pourraient avoir sur les autres et sur le pays). Mais il n’est jamais arrivé ! Quand Le premier Ministre a annoncé que finalement on ne reconfinerait pas, je me suis effondrée ! J’ai vécu trop de trucs pas cools au boulot entre fin décembre et début janvier ce serait trop long à expliquer ici, j’avais vraiment besoin de m’éloigner un peu de l’équipe et du boulot.

Longtemps je me suis dit qu’il était un peu exagéré de se plaindre par les temps qui courent. J’ai un job. Oui. Un CDI. Oui. Et c’est un luxe si on regarde la situation de plusieurs milliers de personnes dans notre pays. Mais quand vous finissez par vous retrouver dans le cabinet du médecin parce que vous vous pleurez pour un oui ou pour un non, que vos nuits sont très courtes, agitées, et absolument pas reposantes, pendant plusieurs semaines, que toute la journée de boulot vous regardez l’horloge tourner en espérant que les aiguilles se mettent à tourner plus vite, que le matin c’est comme si un aimant vous scotchait à votre lit et que vous avez du mal à trouver la force pour vous lever, et que le soir, vous êtes si fatigués que la moindre tâche ménagère vous semble une montagne, et qu’en plus vous redoutez presque d’aller vous coucher parce que vous savez que vous ne dormirez pas bien. Il faut agir ! Et quand en plus l’ambiance générale du pays, est celle qu’on connaît… Vous aurez beau faire mouliner vos jambes, trouver des subterfuges mentaux pour continuer à avancer pour rejoindre l’autre côté du précipice, plus rien ne vous soutient sauf l’espoir qu’un événement extérieur vienne vous sauver car vous n’avez absolument plus l’énergie de vous sauver vous-même : s’il n’arrive pas, vous vous écrasez comme une crêpe au pied de la falaise !

J’ai donc passé le mois de février en arrêt, au pied de la falaise, sonnée. (Tout en apprenant par une collègue que l’équipe avait été mise quand même au chômage technique quelques jours après le début de mon arrêt de travail). Il ne faut pas plaisanter avec le syndrôme dépressif. J’ai déjà connu ça il y a dix ans quasiment jour pour jour. J’ai donc fait le dos rond, accepté une très légère dose de médicaments pour passer le cap. J’ai essayé de ne pas trop culpabiliser de ne rien réussir à faire de mes journées. J’ai pas mal rêvassé, me suis pas mal perdue sur Instagram et Pinterest… J’ai regardé quelques séries, je me suis refait une partie des saisons Friends, beaucoup bu de tisane, un peu lu et beaucoup dessiné.

J’ai officiellement repris le boulot, début mars, pour continuer ma période de “repos” en chômage partiel, car l’activité est au point mort ou quasi, et qu’ils essaient tant bien que mal de préserver la trésorerie. Mais j’ai aussi pris conscience que sans une grosse mise au point avec mes boss(ce n’est pas faute d’avoir essayé de le faire à plusieurs reprises), quitte à déplaire et ne pas trouver de solution pour faire évoluer mon poste dans quelque chose qui me corresponde davantage, ou je puisse vraiment trouver ma place quand l’activité reprendra, il est fort probable que mes jours soient comptés dans cette entreprise. Alors oui, ça me fiche la trouille, quitter un CDI dans une telle crise, quelle idée ! Mais finalement, je préfère me dire qu’en quittant ce job – si cela doit arriver – je vais m’ouvrir à d’autres opportunités qui me conviendront mieux. J’ai le choix entre la sécurité, accompagné de l’ennui et d’un boulot qui n’a plus de sens pour moi, ou alors l’opportunité derrière le risque !

J’ai aussi démarré (et fini) la série En Thérapie, diffusé par Arte. J’en écrirais plus un jour sur cette série que j’ai adoré. Et sans lien de cause à effet, moi aussi, je suis entrée en thérapie, j’ai démarré un “travail” avec “quelqu’un”… cela me fait rire ces expressions qui disent sans le dire, “je vois un psy”. Comme si c’était une honte. Ce n’est pas une démarche facile que d’aller fouiner, fouiller dans son intériorité, de se dévoiler dans la totalité de ses vulnérabilités, à un tiers pour essayer de comprendre pourquoi on fonctionne comme on fonctionne, pourquoi ce qu’on vit est parfois difficile pour nous, et qu’on reproduit des schémas répétitifs, parfois inconsciemment. Bref. Alors soyons fier, non de non de faire cette démarche ! Je sais que cela ne sera pas facile, et que ça va sans doute remuer, mais c’est un investissement sur moi-même, que je m’offre pour pouvoir aborder la deuxième moitié de ma vie un peu mieux armée.

C’est lors de notre dernière séance, que ma psy m’a parlé du coyote. Et qu’on a mis le doigt sur une des grandes problématiques de ma vie : ma juste place. Vaste sujet.

J’ai rigolé intérieurement en la quittant ! Qui a renommé son blog “dans quelle étagère” il y a quelques mois ? Comme si je cherchais déjà inconsciemment une réponse à cette question …

Et pour finir sur une note d’humour, je vous remets quelques morceaux choisis de Bip Bip et le Coyote. La vidéo s’appelle Coyote contre la gravité ! Et en les regardant, j’y ai vu plusieurs situation qui pourraient être des métaphores de cet effondrement personnel qu’est la dépression ! Et je me suis bien marrée, et ça fait du bien !

One Comment

  • Clara

    Team “thérapie” aussi, trois fois dans ma vie dans des périodes charnières, 18 mois à chaque fois. Ça m’a vraiment aidé, ça m’a même sauvé la vie je pense ! Bonne route à toi sur ce chemin personnel, tu as très bien fait !

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