Journal d'un confinement,  Où cours-je ?

Samedi 14 mars. Le choc

Ce samedi ressemble à beaucoup d’autre…

Bruno file aider des voisins et amis à déménager. Je fais les menus pour la semaine, prépare ma liste de course et file au supermarché pour une partie de ma liste de course. Le parking est plein, mais je ne note pas encore de vraie panique chez les gens. Les caddies sont légèrement plus remplis que d’habitude, puisque les familles vont souvent se retrouver plus nombreux à manger à la maison le midi mais ils ne débordent pas non plus. En tout cas cela ne me frappe pas particulièrement. Certains rayons sont quand même vides, et quatre éléments de ma liste sont introuvables : paquet de spaghettis, sauce tomate, pâtes fraiches, et conserve de petits pois carottes. Pas grave, j’adapte les menus, imagine comment contourner la contrainte, je file prendre des tomates – en plein mois de mars, cela me chagrine un peu, mais tant pis je ne renoncerais pas à ma pizza maison du samedi soir ! Pour les spaghettis, mon achat n’est pas indispensable, en effet, il me reste un ou deux paquets de pâtes en réserve, je puiserais dans la réserve. Je remarque au passage que le rayon d’huile est vide, tout comme le rayon des brioches et des viandes hallal… Le rayon de compote n’est pas bien achalandé !

Mes courses terminées, je file à la maison. On retrouve pour déjeuner chez des voisins qui ont une grande table,  tous les copains qui ont aidé au déménagement sont là, les conjoints qui étaient absents nous rejoignent, quelques voisines aussi… Nous sommes au moins 15 autour de la table. Après coup, je me dit que ce n’était pas forcément une bonne idée, mais bon, les autorités n’avaient pas forcément été bien claires et puis un déménagement ça se fête, non ?! Je prends conscience autour de la table combien il est bon d’être entouré de voisins et proches dans la vie. Que compter les uns sur les autres est quelque chose de précieux et tellement important !

Notre lave-vaisselle est tombé en panne jeudi, jour de mon anniversaire. Nous l’avions déjà acheté de seconde main et avions déjà procédé à une réparation. Cette fois-ci, nous voyons bien que nous ne pourrons pas réparer. Donc nous décidons d’aller en acheter un nouveau. Les centres commerciaux sont bondés en cette fin de samedi après-midi. Nous nous retrouvons face à la sortie d’une grande enseigne de meuble suédois et une bonne dizaines de personne qui sortent des caddies pleins de meubles, et accessoires en tout genre. Je m’interroge ? A t-on besoin de nouveaux meubles pour faire face au Coronavirus ? Je rigole intérieurement, en fait ce sont ceux qui ont fait des réserves qui ont été obligés d’acheter des étagères supplémentaires pour leurs paquets de pâtes dans leur cave ! On fait rapidement le choix d’un nouveau lave-vaisselle, on file à la caisse. La livraison aura lieu lundi matin. Ouf. Je ne me voyais pas faire toute la vaisselle à la main, en plus de faire la classe à la maison et de gérer un confinement plus ou moins long.

Je file ensuite à mon épicerie de vrac. J’y récupère mon panier de légumes locaux, je fais quelques achats complémentaires utiles : de quoi faire des goûters maison et de quoi faire des petits déjeuners équilibrés pour tenir le coup et avoir la forme !

Je rentre à la maison. On vaque à nos occupations : préparation du dîner, se battre pour que les enfants passent à la douche et rangent un peu le salon… rien d’inhabituel en fait… Nous sommes à l’apéro quant mon téléphone se mets à vibrer. Le premier ministre a pris la parole et annonce la fermeture des magasins non essentiels à la vie courante. Mes patrons sont dépités, cela signifie fermeture de la plupart des centres commerciaux, et donc activité quasi nulle pour notre petite entreprise. Mon chômage technique partiel va se transformer en chômage technique complet ! Cela s’affole aussi du côté de l’entreprise de Bruno…Ce qui m’étonne – et en même temps pas vraiment – c’est le maintien du premier tour des élections municipales. Comment peut-on demander un confinement plus important aux français et leur demander d’aller voter ? Encore une histoire de politique politicienne et de peur de la polémique… Mais en temps de crise, il n’est plus question de faire des choix en fonction des polémiques qui risquent d’éclore. De toute façon, peu importe la décision, il y aura des polémiques ! Voilà encore une décision qui va créer un peu plus de confusion dans l’esprit des gens.

Malgré mon questionnement sur ce choix politique, je suis absolument convaincue de la nécessite de se déplacer aux urnes, je ne veux pas qu’un maire soit élu par défaut de votants, encore plus si ce n’est pas celui dont je veux !

Et puis la nouvelle tombe dans ma famille. Un de mes oncles est décédé d’une longue maladie. Stupeur, inquiétude, tristesse, évidemment tout cela se mélange et n’arrange pas mon état d’esprit…

Mais comment va t-on faire pour les obsèques ? Sera t-on contraint de respecter le critère de moins de 100 personnes, devra t-on s’asseoir un banc sur deux, une chaise sur deux ? Et comment réconforter la famille de mon oncle, mes cousins, ma tante sans leur manifester physiquement mon attachement et ma compassion ? Consoler quelqu’un en respectant les gestes barrière me semble compliqué, voire impossible. Et devrais-je y aller seule – sans Bruno ? Il est évident que les enfants n’iront pas. De toute façon les obsèques c’est jamais vraiment très drôle pour des enfants… mais là, pas le choix. Ils resteront à la maison, gardés par des voisins si nous sommes tous les deux autorisés à y aller. Mais j’ai le sentiment que c’est la double-peine. Perdre un proche et ne pas pouvoir l’honorer et lui dire adieu dans de bonnes conditions. Je pense à ma tante qui doit être doublement effondrée. Je pense à tous les amis de mon oncles, qui ne pourront peut-être pas être présent à son enterrement si le nombre de personnes doit être réduit au strict entourage familial. Tout cela est infiniment triste.

Je me sens tendue, perdue, effondrée. Je décide de prendre une bonne douche chaude pour tenter de dénouer les tensions avant d’aller me coucher. L’eau chaude qui coule sur ma peau me fait prendre conscience que mon plexus solaire est comprimé. Toute la partie haute de mon buste est nouée par le stress, la tension et j’ai du mal à respirer correctement en fait. Je me force à faire de grande inspirations thoraciques et abdominales complètes : j’essaie de me souvenir de mes quelques notions de sophrologie, et je mets en application les conseils de ma praticienne shiatsu, et de ma chiropracteur.  Mais quelques minutes plus tard, de nouveau ma poitrine se bloque. Je décide alors d’utiliser un peu d’huile essentielle de lavande ajoutée à mon huile de coco, pour me masser le plexus avant d’aller dormir, histoire de me coucher avec un peu de soutien naturel. Cela fonctionne à peu près. Je trouve le sommeil rapidement. Demain sera un autre jour, la météo annonce une belle journée et cela va faire du bien !

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