Eduquer,  Etre soi-même

Bref. Je suis rentrée du boulot.

Bref. J’ai quitté le boulot.

Cela faisait quelques heures déjà que je guettais l’heure. Il était enfin dix-sept heure.

J’ai arraché mon masque. J’ai jeté mes affaires sur le siège passager de ma voiture et mes fesses sur le siège conducteur et j’ai soupiré.

J’ai démarré le GPS, il annonçait des bouchons et trente cinq minutes de route. J’ai démarré la voiture, j’ai lancé la radio. Je suis sortie du parking. Je me suis retrouvée dans les bouchons. La tempête Alex avait fait plusieurs victimes et Donald Trump avait attrapé la Covid. J’ai râlé contre la pluie, râlé contre les chauffard, râlé contre le covid. Je me suis moquée intérieurement de Trump. J’ai chanté à fond sur du Céline Dion. J’ai pensé qu’il fallait que je rachète du produit lave-vaisselle et qu’il fallait que je prenne rendez-vous pour la révision de la voiture. J’ai pilé derrière un camion qui freinait trop rapidement. J’ai changé d’itinéraire. J’ai pensé à ce que j’allais faire durant mon mercredi et je me suis dit que mon cours de Yoga de ce soir tombait à pic. J’ai râlé contre un autre chauffard et contre les feux rouges. J’ai chanté à tue-tête sur du ColdPlay. Mon voisin de bouchon m’a vue. Je lai vu. Je me suis arrêté de chanter. J’ai retrouvé une circulation plus fluide. Puis je me suis garée sur le parking du centre de loisirs.

J’ai fermé la porte de la voiture. J’avais oublié mon masque. J’ai dit “putain mon masque”. J’ai fait demi-tour. J’ai ouvert la porte de la voiture, j’ai cherché mon masque dans le bazar de mes affaires jetées sur le siège passager. Je l’ai enfilé. J’ai fermé la porte de la voiture. J’ai pensé “ral-le-bol de ces masques. J’ai mal derrière les oreilles et je respire vraiment de plus en plus mal”. J’ai ressenti des douleurs dans les pieds, parce que travailler sept heures par jour debout c’est vraiment usant. J’ai croisé une copine en voiture. Je lui ai fait coucou. Elle m’a fait coucou. Je me suis arrêtée devant le passage piéton, trois chauffards sont arrivés en trombe. Je les ai vus. Ils m’ont vue. Je les ai vus. Ils m’ont vue. Ils ne ce sont pas arrêtés.

Je me suis placée sagement sur les marques au sol spéciale covid devant l’entrée du centre de loisirs. L’animateur m’a vue. Il a appelé Gaspard. J’ai attendu. Quand il est sorti, il a jeté son cartable à mes pieds et a couru vers la sortie. “Tu as passé une bonne journée ?”. Il m’a répondu “oui” et il s’est remis à courir. Je l’ai suivi tant bien que mal. J’ai pensé “je ne suis vraiment pas en forme”. Nous nous sommes arrêtés devant le passage piéton. J’ai retenu mon fils par la manche. Deux chauffards sont arrivés en trombe. Je les ai vus. Ils nous ont vus. Je les ai vus. Ils nous ont vus. Ils ne se sont pas arrêtés. J’ai traversé en retenant Gaspard par la capuche. Il a sauté dans une première flaque. Il a sauté dans une deuxième flaque. Il a voulu sauter dans une troisième flaque. J’ai l’ai retenu par la capuche.

Je suis arrivée à la voiture. Gaspard s’énervait sur la portière. J’ai ouvert la voiture. Il est monté dedans, en escaladant la banquette arrière avec ses baskets trempées. J’ai jeté son cartable à côté de lui. Il a jeté son manteau par dessus. J’ai ouvert ma portière, j’ai jeté mon masque et mes affaires sur le siège passager. J’ai fermé la porte, rallumé le moteur et la radio. Trump était toujours malade et les disparus de la vallée de Vésubie n’avait toujours pas été retrouvés. J’ai attendu au feu rouge. Puis il est passé au vert. J’ai pilé pour laisser passer une maman qui courrait derrière une poussette. J’ai conduit jusqu’à la maison. J’ai vu une voisine. Je lui ai fait coucou. Elle m’a fait coucou. Je lui ai sourit. Elle m’a sourit.

Je suis sortie de la voiture. Gaspard est sorti de la voiture. Il a laissé traîné son manteau par terre, dans une flaque. J’ai sorti mes affaires de la voiture. J’ai extirpé son cartable pesant un âne mort de la voiture. Je me suis traînée jusqu’à la porte d’entrée, chargée comme un mulet. J’ai pesté contre mes clés de maison cachées au fond de mon sac. J’ai pesté contre Gaspard qui ne voulait pas m’aider mais trépignait pour aller à la boîte aux lettres. J’ai ouvert la maison. J’ai jeté les affaires de tout le monde au sol. Gaspard a jeté ses chaussures et son manteau au milieu du couloir. Il n’est pas allé chercher le courrier. J’ai posé mes fesses sur le canapé, jeté mes chaussures sous la table basse et posé mes pieds dessus.

Il était dix-huit heure vingt.

Bref. Je suis rentrée au boulot.

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