Journal d'un confinement

Déconfinement Semaine #1 – La frileuse

Bon ben c’est fait.

Première semaine post-confinement : check ! Pas trop de grand chambardement chez nous !

Ah si ! On a une nouvelle poignée et serrure sur notre porte-fenêtre qui mène au jardin ! C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi cela change beaucoup 🙂 En effet, cette vieille porte-fenêtre devenait très fatiguée et les aller-retours incessants des enfants au jardin qui étaient obligés de la claquer pour qu’elle se ferme correctement me courraient littéralement sur le haricot depuis deux mois. J’étais à deux doigts de développer un tic de nervosité à chaque claquement de porte. Dimanche dernier, notre Gaspard l’a achevée en s’énervant dessus pour essayer de rentrer. HS la poignée et la crémaillère ! Pas de pot, car c’est ce dimanche soir et ce lundi que la météo à choisi de se dégrader avec du vent et un air bien frais ! Nous avons donc remis les pulls, et vécu dans un salon bien frais jusqu’au mercredi, jour où Bruno a pu remplacer la pièce. Et ben, je ne pensais pas le dire un jour, mais avoir une poignée et une porte qui se ferme normalement (sans devoir la claquer), ça change la vie !

Frileuse, c’est sans doute bien le mot qui définit le mieux notre première semaine de déconfinement. A part Bruno qui a repris le chemin du travail dès lundi.

Nous ne nous sommes pas précipités dans les magasins. Nous ne nous sommes pas précipités dans les forêts du coin. Nous ne nous sommes pas précipités dehors non plus. Nous avons attendu mercredi pour sortir notre nez tranquillement avec une après-midi chez les copains. Les enfants étaient heureux de se retrouver et avec ma copine nous avons échangés sur ce que nous évions vécu durant le confinement. Même si les expériences sont forcément différentes, cela fait du bien de s’apercevoir qu’on est jamais complètement seul à vivre des trucs pas facile en tant que maman confinée à 100% de son temps avec les enfants.

Je ne suis ressortie ensuite que le vendredi et samedi pour quelques courses. Samedi matin, j’ai refait une tentative d’aller au marché dans la ville d’à côté pour éviter au maximum les courses au supermarché, mais même à 8h50, il y avait un monde fou. Décidemment, je crois que si je veux me passer de supermarché, et faire toutes mes courses au même endroit, il va falloir que je me lève tôt. En attendant, j’ai fait le primeur pour les fruits et légumes et la biocoop pour les quelques trucs “frais”, fromage, produits laitiers et traiteur. On essaie de limiter le nombres de produits achetés en supermarché, mais du coup cela nous fait 3 à 4 commerçants selon les semaines pour faire nos courses : primeur, boucherie, vrac et supérette. Pas facile de lutter contre cette “facilité” du supermarché où l’on trouve tout et ou toutes les courses sont bouclées en 1h en temps normal. Aujourd’hui ce gain de temps est quand même peu significatif que ce soit chez les petits commerçants ou dans les grandes surfaces. Car nous faisons la queue partout, quel que soit le commerce. Mais on croise moins de monde chez les petits commerçants, et les visages deviennent familiers au fil des semaines, on tisse du lien, contrairement au supermarché.

C’est drôle de lire ici et là combien certaines personnes ne sont pas complètement satisfaites de ce déconfinement pas à pas. Qu’il leur manque une certaine liberté comme les terrasses, les cinémas et les sorties culturelles. Je suis étonnée de m’apercevoir que tout ce qu’il me manquait pendant le confinement j’y ai désormais accès et que je ressens plus aucun manque et que rien de savoir que je peux y avoir accès sans restriction me suffit. Le seul truc qui me gêne encore ce sont les masques évidemment, car maintenant, la grande majorité des gens croisés en portent. Pas facile d’interagir avec les gens en ayant un masque sur le visage. Je remarque encore certains réfractaires… Des magasins ou le vendeur ne porte rien. Ni visière, ni masque. J’ai aussi remarqué que les gens me regardent moins quand je porte mon masque dans la rue pour faire mes courses. Cela devient “normal”. En tout cas pour le moment. Mi avril, quand j’ai commencé à sortir avec, les gens avaient tendance à me regarder bizarrement. C’est moins le cas maintenant, même si j’ai croisé un homme d’un certain âge vendredi qui a posé un regard sévère sur mon visage masqué. Par contre, j’ai assisté à une scène qui m’a donné le sourire, bien caché derrière mon masque… Deux adolescente devant un magasin, lisent le panneau “masque obligatoire”, et du coup, elles sortent un masque en tissu chacune, avec des gestes maladroits et presque gênés, elles enfilent leur masque, l’ajustent et se cachaient presque des passants sur le trottoir, comme si porter un masque était encore un tabou. Je me suis pas mal interrogée sur leurs expressions gênées, sur leur timidité, leur honte peut-être ? Pourquoi avoir honte de porter un masque ? Pour moi, même si cela n’est pas souhaitable sur le long terme évidemment, je trouve que c’est faire preuve de civisme que de porter un masque. Et j’espère presque que les gens prendront le pli de nos amis asiatiques qui quand ils se savent malades portent un masque dans les lieux publics. J’aimerais que ce geste devienne une habitude pour les périodes épidémies de grippe et de gastro. Mais j’ai peur que cela ne soit encore perçu comme un geste de protection personnelle un peu égoïste, alors qu’il est prouvé qu’un masque barrière est surtout là pour protéger ceux qui entourent le porteur du masque et qu’il est avant tout un geste de solidarité et de prévenance. Comme tousser ou éternuer dans son coude.

En fin de semaine, je me suis surprise à regarder de nouveau les chiffres de nouvelles contaminations, comme pour surveiller l’arrivée de la seconde vague. Alors que je sais que nous saurons vraiment quels sont les effets du déconfinement dans trois semaines.

Le feu vert du Premier Ministre pour les vacances en France pour juillet et août, nous a plongé dans les interrogations à laquelle aucune bonne réponse n’est évidente. Envoyer ou non les enfants chez les grands-parents qui ont plus de 70 ans, en Juillet, combien de temps ? Partir, où ? Quand ? Poser des vacances. Alors que je n’ai même pas repris le boulot… Réserver. Et si on reconfinait ? C’est tellement étrange de se projeter sans savoir si tout ne vas pas être annulé à la dernière minute… Mais c’est peut-être nécessaire tout de même de recommencer à se projeter… un minimum quand même !

Et puis on a avancé les travaux ! Peinture des murs quasiment finie. On attaque le parquet, puisqu’on a pu acheter le petit matériel nécessaire pour poser le sol. On a posé les luminaires. On a dessiné la cuisine. On se projette enfin dedans dans les semaines à venir. On commence à parler de ce qu’on fera dans l’ancienne cuisine. Cela fait quand même du bien de se projeter un peu plus loin que dans trois semaines. Même si on ne sait toujours pas à quelle sauce on sera mangés la semaine du 2 juin. Camille a envie de reprendre le collège, mais on ne sait pas si elle pourra être accueillie. Idem pour Gaspard, j’ai bien envie de le faire reprendre, mais quelles seront les conditions ? Et du côté de mon boulot, je ne sais pas non plus trop comment tout cela va s’organiser… Bref, on se projette en juillet/août, mais on ne sait toujours pas ce que sera notre mois de juin. Bref. Pas facile. Après le dos rond du confinement, nous voilà en équilibre sur un fil, celui du futur. Le fil du futur, celui dont on pourrait tomber rapidement si reconfinement il y avait, ou celui sur lequel on va continuer de jouer aux équilibristes pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

On va devenir des champions de slack-line, cette corde plate tendue entre deux arbres surlaquelle on évolue pied nus …

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