Journal d'un confinement

Déconfinement Semaine 2 – la dynamique

Semaine active pour cette deuxième semaine post-confinement.

C’est drôle de voir comment l’énergie retrouvée tranquillement par le pays, s’est également traduite chez nous par une reprise active des travaux (ben oui, on a pu acheter ce qu’il nous manquait dans les magasins de bricolage réouverts), et par une nouvelle dynamique en famille.

Bruno a eu une semaine de travail très “décousue”, mais du coup très dynamique ! Lundi il est allé physiquement au bureau, mardi il était en congé, on se croyait samedi, mercredi il a travaillé de la maison, jeudi étant férié on était de nouveau en week-end, et vendredi, il est retourné au bureau ! Cela m’a pas mal perturbée dans mes repères temporels, mais j’aime aussi ces journées qui ressemblent à des week-end en pleine semaine ! Aucune routine possible ! Du coup cela nous a donné un rythme assez soutenu paradoxalement.

J’ai repeint la table de la salle à manger, j’ai vernis le bureau de Camille qui attendait depuis les vacances de la Toussaint, on a terminé les retouches de peintures sur les murs de notre pièce principale. Bruno a vidé les encombrants accumulés durant le confinement, vidé les meubles pour qu’on puisse poser le nouveau sol samedi et dimanche. Mais sans jamais avoir l’impression de courir ou d’être dans un rythme insoutenable.

Il est étrange de voir aussi comment les enfants ont été paradoxalement calmes et ont su joué tranquillement dans leur chambre sans se disputer. Comme si la reprise du cours (presque) normal des choses avait eu un bénéfice insoupçonné dans nos esprits et qu’on s’était mis au diapason du climat général dans le pays : se remettre en route doucement, sortir d’une certaine forme de léthargie.

Il a fallu aussi refaire un tour d’horizon du travail que Camille avait à faire et avait vraiment effectué depuis début mai. Elle se débrouille vraiment bien toute seule et m’épate dans son autonomie, mais il y a des choses qu’elle a quand même loupé (volontairement ou non) et pas faite. Lundi j’ai donc passé une bonne partie de ma matinée à passer en revue tout le travail donné et effectué depuis trois semaines. Dans la perspective de la reprise éventuelle de début juin, les professeurs commencent à passer la consigne de tout rassembler et synthétiser le travail. On commence aussi à sentir chez certains professeurs l’inquiétude de ne pas revoir les élèves avant septembre… Ici en attends encore pour savoir à quelle sauce on va être mangé en tant que zone rouge pour la réouverture des collège et l’adaptation des conditions d’accueil dans les écoles primaires. Ce serait une drôle de façon de vivre la fin de l’année que de rester en école à la maison.

Dire aurevoir aux professeurs et finir une année de cette façon, sans école physique cela perds beaucoup de charme, et le rituel de passage d’une classe à l’autre perds aussi beaucoup de substance sans ces temps forts d’une année scolaire… La classe à distance a certains avantages, mais rien ne remplace la relation avec l’enseignant. La place et l’importance du lien émotionnel et de l’attachement dans la relation pédagogique voilà un sujet intéressant et un aspect dont je n’avais pas encore mesuré l’importance. Est-il seulement abordé dans le cursus de nos professeurs ? Au regard de certains profs qui ont été aux abonnés absents sur la plate-forme ENT … on peut se le demander !!!

Ce week-end on a enfin posé notre nouveau sol. On l’avait acheté il y a un an, profitant de promotions. Le voilà posé. On a enfin un sol harmonieux et surtout qui sera sans doute plus facile à laver que notre vieux travertin qui était poreux, prenait toutes les tâches, que je n’arrivais plus à lustrer et – il faut le dire – était moche ! On se projette désormais complètement dans notre nouvelle cuisine, qu’on espère faire poser cet été.

Ce week-end de 4 jours a fait du bien. Après trois semaines raccourcies… Je crains la reprise du travail scolaire sur 4 jours à assumer toute seule les 4 matinée de travail avec Gaspard.

On commence aussi à parler reprise du travail dans mon entreprise. Avec l’incertitude côté fonctionnement des écoles à partir du 2 juin, difficile de se projeter et s’organiser… Mais sans doute que je vais reprendre un ou deux jours par semaine. La crainte d’une reprise de rythme s’estompe un peu. Mais je ne saurais dire si c’est parce je suis résignée et “qu’il le faut” ou parce que la dynamique de cette seconde semaine agit comme un cercle vertueux et qu’il est plus facile d’envisager d’être active. Reste que je ne me vois pas reprendre à temps plein (25h). Mais plutôt progressivement.

Je ne me vois pas non plus accepter -comme j’étais sur le point de le faire avant la crise – d’augmenter le nombre d’heure de mon contrat. 25h c’est bien. Cela me laisse du temps pour faire d’autres choses, j’ai des projets personnels qui me tiennent à cœur, et que je veux plus que tout pouvoir leur consacrer du temps à l’avenir sans que cela devienne une pression de plus dans ma vie. Sauf que je l’avais oublié et que ce confinement me l’a rappelé. J’espère que mes patrons pourront l’entendre. J’espère que cette décision qui va à l’encontre des échanges que nous avons eu quelques jours avant le confinement ne va pas les destabiliser et qu’ils l’accueilleront avec compréhension et qu’ils ne m’en voudront pas trop. Il y a encore trois mois, je me voyais augmenter mon contrat de salariée et fermer Jaune Hirondelle d’ici fin 2020. Aujourd’hui, je ne me vois plus dans cette trajectoire là, je sais que j’ai quelque chose à inventer à côté du salariat, que mon salaire fixe n’est qu’un outil de transition, et pas une source d’épanouissement personnel conforme à mes convictions personnelles.

Il est tellement peu admis aujourd’hui dans notre société que l’on peut changer d’avis, revoir ses priorités, évoluer, changer parfois de manière très rapide, qu’à chaque fois que je prends une décision sur mon parcours qui va à l’encontre de ce qui serait “attendu” par la société, je me pose mille questions que la façon dont cela va être perçu. J’ai de plus en plus la conviction que je ne suis pas faite pour un parcours linéaire ou “standard”, que je changerais sans doute encore plusieurs fois de jobs, d’activité, de rythme… Peut-être que c’est le “prix” à payer quand on écoute vraiment ce qui se passe au fond de nous, quand on prends en compte ces besoins, ces aspirations, et que l’on se sait en éternelle transition. Avec des périodes plus ou moins stables sans doute. Mais avec des périodes très instables aussi… Il faut en être conscient. Ce n’est pas confortable.

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