Etre soi-même,  Transitionner

Cachez ce téton que je ne saurais voir !

Et oui il va être question de tétons dans cet article. De tétons qui pointent plus exactement, qui tombent, ou les deux. Appelons un chat un chat.

Et j’en profite pour faire un clin d’oeil à ma copine Céline, qui vient de créer une page Instagram consacrée à l’accompagnement des femmes dans leur réconciliation avec leur corps et avec qui elles sont : Danser sous la pluie. Allez jeter un coup d’oeil. C’est son post sur “le premier jour du reste de sa vie sans soutien-gorge” qui m’a donné envie de publier cet article auquel je pensais depuis quelques semaines…

Je vous parlais dans mon journal de confinement que j’avais adoré vivre sans soutifs pendant plusieurs semaines… il semblerait que je ne sois pas la seule. Et que cette habitude prise durant ce printemps si particulier perdure chez certaines d’entre nous.

Ce n’était pas la première période où je faisais du no bra. J’avais déjà expérimenté le téton libre sous mes pulls et mon tablier du boulot cet hiver ; derrière les couches, moins de risque de voir un téton qui pointe, celui qui dérange encore tant parfois et qui semble être l’un des principaux frein au no bra chez certaines d’entre nous.

J’avais aussi découvert la liberté de la poitrine. C’est fou comme on est pas habituée, en tant que femme à ressentir notre poitrine bouger librement au quotidien. En effet bien engonssées dans des balconnets, figées par le tissu ou la dentelle ou comprimées dans des push up, nos poitrines n’ont vraiment pas le loisir de bouger librement. Ce serait même très mauvais d’après certains scientifiques qui redouterait que cela accélère l’affaissement des tissus.

C’est finalement cela qui m’a le plus décontenancée les premiers temps de pratique du no bra (mais finalement assez vite accepté et rapidement apprécié). J’étais heureuse de les laisser vivre leur vie de sein finalement !

Le no bra c’est un cheminement. Je ne connais aucune femme de mon entourage qui a décidé du jour au lendemain de brûler ses soutifs et n’a jamais rien remis ne serait-ce qu’une toute petite journée ou dans des circonstances particulières. Mon cheminement vers une libération de ma poitrine a demarré il y a déjà trois ou quatre ans. J’ai définitivement abandonné les modèles avec les bonnets moulés “paddés” qui rendent les poitrines des femmes uniformes. Mon choix s’est porté vers le format triangle avec baleine, je me sentais déjà beaucoup plus a l’aise et j’avais beaucoup moins chaud durant l’été. Il y a quatre ans, j’avais du mal à trouver ce genre de modèle… aujourd’hui, ils sont de plus en plus facile à trouver. Chaque marque propose ce genre de forme, de coupe et on trouve plus facilement son bonheur. Les choses changent. Ouf. Alors évidemment, le format triangle avec baleine n’est pas adapté à toutes les poitrines… Mais jusqu’au bonnet C, c’est largement jouable à mon avis. Durant cette étape j’ai vraiment apprécier ne plus avoir ce contraste dans la glace entre la forme de ma poitrine la journee si “parfaite” et celle que je retrouvais le soir quand je me deshabillais. Quelle “deception”… c’était un coup au moral chaque soir.

Je me suis mise à ne plus porter de soutien-gorge du tout certains jours dans certaines circonstances en septembre 2019 car l’été dernier mon corps m’a envoyé des signaux “de rejet”. Irritations et démangeaisons à répétition sous la poitrine, notamment les jours de grosses chaleurs ou d’activité physique intense.

L’hydratation de ma peau et le soin que j’apportais au quotidien à ma poitrine ne suffisait pas à régler ce problème. Et puis je ressentais de plus en plus de douleurs dans les seins, notamment en période pré-menstruelle et dans la zone sous le bras. l’autopalpation ne donnait rien, les examens chez les professionnels non plus. Pas d’explications. Et toujours cette zone douloureuse, comme un kyste… pile a l’endroit de l’extrémité de la baleine. Et puis j’ai pensé à la circulation lymphatique.

J’ai démarré ma “vraie” transition no bra en septembre dernier donc en virant les baleines de tous mes modèles de lingerie. Un soir j’ai mis un petit coup de ciseau bien placé, et d’un mouvement libératoire et me sentant presque révolutionnaire j’ai arraché les morceaux de ferraille que j’imposais à ma poitrine chaque jour. Ce fut jubilatoire. Bon évidemment, les coupes de mes soutifs n’étaient pas pensées pour être portées sans baleines mais cela m’a évité de réinvestir… et d’attendre l’usure normale pour remplacer ma lingerie. Les douleurs pré-menstruelle ont disparues (il a fallu que j’identifie d’autres signaux pour connaître la date du débarquement des anglais), cette espèce de gêne sur le côté gauche de ma poitrine aussi. Certaines douleurs au bras se sont rapidement estompées. Problème de circulation lympathique ? CQFD. J’ose émettre l’hypothèse.

Et puis durant les soldes j’ai acheté une jolie forme triangle en modal de la marque “le slip français”. Sans baleine. Super satisfaite super confort. En solde, parce que le made in France, quoi qu’on dise, c’est plus cher et pas donné à tout le monde. Il m’a fallu quelques temps pour accepter cette nouvelle silhouette ou le sein est soutenu sans être remonté ou plaqué et la trouver belle. Le sein a alors une silhouette plus proche de celle qu’il a quand je ne porte rien. Et c’est presque ça finement qui me pose le plus de complexe, de questions. La forme de mes seins et les tétons qui pointent (je n’y coupe pas moi non plus)

En y réfléchissant, Il n’y a que moi et mon homme qui connaissons vraiment la forme de mes seins au naturel. Cela fait partie de mon intimité et de ma, de notre sexualité puisque malheureusement le sein féminin n’est socialement associé qu’à la sexualité (il suffit de voir combien l’allaitement en public dérange encore beaucoup). Il est donc évident que “dévoiler” la forme de ma poitrine en ne portant pas de sous-vêtement, cela me donne l’impression de dévoiler davantage mon intimité. Je ne vous parle même pas des cas de figure ou je porte un haut avec un tissu si léger et fluide que j’ai l’impression que le moindre mouvement de téton va se voir comme le nez au milieu de la figure.

Cela a d’ailleurs fait l’objet d’un rapide échange entre mon homme et moi sur le sujet un jour où j’imaginais sortir sans rien sous mon haut et où je lui en parlais. Il était plutôt gêné par cette idée. Je ne lui en ai pas demandé ni la permission (je fais bien keskej’veux avec mon corps), ni la raison (mais je vais le faire car cela m’intéresse d’avoir le point de vue d’un homme), j’imagine qu’il considère comme moi que cela fait partie de mon intimité, de notre intimité. Et que le port du soutien-gorge permets une certaine pudeur dans ce domaine là.

Beaucoup regrette que le sein féminin soit uniquement sexualisé dans notre société. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Pourrait-il en être autrement… Je n’en sais rien et n’ai aucun avis tranché sur le sujet. Il n’en reste pas moins que c’est sans doute dès l’adolescence avec ce qu’on apprends en cours de sciences naturelle qui participe à cette vision unique de la poitrine (volontairement, je ne parle pas du porno, des clichés, des magazines de “charme” car cela semble tellement évident…) En sciences nat on apprends que la poitrine féminine est un “caractère sexuel secondaire” (ne participant pas directement à la reproduction de l’espèce) apparaissant à la puberté, permettant également la production de lait maternel. Comme les poils pubiens, ou ceux des aisselles … tiens tiens ? Ce n’est pas aussi ces poils que l’on cherche sans cesse à faire disparaître chez les femmes nous imposant l’exercice bi-hebdomadaire ou mensuel de les retirer soigneusement et parfois douloureusement ?! La femme ne pourrait-elle pas porter sur elle la moindre marque de l’existence de sa sexualité ? Non elle enfante par enchantement, comme la Sainte Mère. Sans doute est-ce ça au final tout ce tabou, cette injonction de cacher les seins des femmes… ?! En tout cas ça m’interroge et c’est cela qui me retient de faire du no bra certains jours, ou dans certaines circonstances. Notamment au boulot. Je travaille avec plus de femmes que d’homme mais je suis parfaitement consciente que c’est la présence d’homme à l’endroit où je dois me rendre, qui me font hésiter dès que l’envie me prends de ne rien mettre sous mon haut, surtout depuis le debut de la belle saison car entre ma poitrine et le reste du monde et donc les personnes de genre masculin, il n’y a qu’un simple morceau de tissus. Comme si cela ne suffisait pas à me protéger de leur regard et donc de leur désir potentiel (puisque les hommes ne sont que désir, n’est-ce pas ?! – J’écris cela avec ironie bien, sûr…) Que la poitrine des femmes soit uniquement sexualisée est une chose, que les hommes ne soient que désir en est une autre … Mais ce joyeux mariage suffit à influencer les choix des femmes au quotidien, et le mien avec. Ah les injonctions, les projections et le patriarcat ont bien marqué au fer rouge les esprits. Qu’il est difficile de s’en défaire, même quand on a cet élan de liberté en soi !

Le no bra serait-il un marqueur du combat féministe ? Il en fait partie c’est sûr. Il participe aussi beaucoup à ce que les femmes accepte mieux leur corps et ses singularités. Il y a autant de forme de sein que de femmes. Comme autant de visages. Il est aussi assez représentatif de ce courant “body positive”, dans ce qu’il a de plus bienveillant, réellement positif et dans l’aide qu’il apporte à chacune d’entre nous d’accepter de ne pas correspondre à une “norme” corporelle dictée par la mode, la société, les réseaux sociaux. Car c’est ça aussi le no bra. Accepter que mes seins ne ressemblent pas à ceux magnifiquement mis en valeur dans les magazines, parfaitement ronds, bombés à souhaits, aux proportions qui semblent parfaites.

En attendant d’arriver à faire du no bra exclusif, je porte donc des jolis triangles en matière douce et naturelle, je vais aussi craquer je pense sur des jolies brassières feminine en matière naturelle également quand j’aurais trouvé la marque qui me convient en terme de valeurs (en attendant j’en ai deux achetées chez une grande surface de sport qui me rend bien service). Et puis je cherche encore des jolis débardeurs à dentelles (marque française ou ethique) à glisser sous une chemise ou un haut un peu léger, pour me sentir moins “nue” les jours où j’ai envie de liberté pour ma poitrine ! Je suis tentée à quelques heure de partir en vacances, de ne prendre aucun soutien-gorge. De me contenter si j’en ressens le besoin de mon haut de maillot de bain. Oserais-je franchir le pas ? Réponse dans quelques jours.

Comme je suis maman d’une jeune fille, c’est aussi un sujet de plus qu’il va falloir évoquer avec elle, pour l’aider à cheminer et à avoir son libre-arbitre sur le sujet. J’ai déjà craqué – que la Fée-ministe me pardonne – j’ai cédé à son envie d’une brassière pour “cacher” sa poitrine sous les hauts un peu trop fluides, alors même que ses formes se dessinent à peine ! Entre pudeur et fêter dans une sorte de rite de passage, par l’achat de la première brassière, la transformation de son corps de petite fille en femme, difficile de résister à sa demande.

Et vous alors, le no bra ? ça vous tente ? Vous en faîtes ? et Vous messieurs qu’en pensez-vous ?

Ps : à la recherche de l’image parfaite pour illustrer ce post dans les banques d’images libre de droit. J’ai fini par abandonner. Mission impossible. Soit c’était l’image pin up qui fait du no bra sans complexe parce que elle a une poitrine parfaite même sans rien (refaite ?). Soit c’est des images hyper esthétisantes qui ne reflètent en rien la réalité…. on a vraiment un problème avec l’image de la femme.

2 Comments

  • Laurence

    Je tombe sur votre blog par hasard et moi aussi je me questionne beaucoup sur le sujet.
    Je n’ai pas porté de soutien gorges de tout le confinement même pour sortir faire les courses. Juste une brassière pour le running me suffisait.
    Maintenant je porte des sous-vêtements sans armatures pour sortir mais le week-end c’est no bra. Pas facile au début d’assumer, il y a comme vous le dites le fait de se plaire à soi-même. Le changement d’apparence ça nécessite du temps.
    Merci pour ce joli blog

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