Etre soi-même,  Kiffer

Huit couchers de soleil

Ce titre de billet m’est venu lors de notre première semaine de camping en Aveyron alors même que je ne savais pas ce que je voudrais raconter dedans… Nous avons eu la chance de tomber un peu par hasard sur ce petit coin de paradis lorsque nous avons regardé pour réserver nos vacances en famille et de fait sans le savoir nous nous sommes offert l’occasion de contempler sept couchers de soleil magnifiques !

Un camping perdu au milieu de rien du tout, entre deux petits villages aveyronnais, pas loin de Laguiole, et des chemins de Saint Jacques de Compostelle. Au bord d’un lac. Il n’en fallait pas plus pour nous rendre heureux. Une piscine mais presque pas chauffée qui sent pas trop le chlore. Pas d’animation tous les soirs, pas de soirée mousse, ni de toboggans dans la piscine. Pas de bar, ni restau qui ferme à pas d’heure et les jeunes fêtards qui vont avec. Moins de cents emplacements. Des poules. Un wi-fi aléatoire, et un réseau 4G inexistant. Bref. Tout pour passer une semaine au calme, déconnectés de la réalité du reste du monde.

Et c’est donc naturellement sous le signe de la contemplation, de l’observation et de la gratitude que j’ai placé ces vacances. Ne rien faire d’autre qu’observer, contempler, enregistrer les couleurs, les sensations, les images, les bruits…

La nature.

Les guêpes se délecter du suc du tilleul au dessus de notre terrasse de mobilhome.

Le soleil se lever et réchauffer cette minuscule vallée et ce mini-village saisonnier qui se réveillait tranquillement chaque matin au son des oiseaux et du chant des coqs.

Les oiseaux se poser sur la balustrade de notre terrasse. Une famille Hirondelle nicher dans la cave de notre gîte, un peu plus tard au cours de nos vacances.

Les poules et les coqs venir fouiller les feuilles mortes et les branchages autour de notre emplacement de camping.

Les enfants se faire des copains sur le terrain de jeux, au loin et plus tard interagir avec nos potes de vingt ans, ni tout à fait comme leurs profs, leurs oncles et tantes, ni tout à fait leur copains. On dit qu’il faut un village pour élever des enfants. On oublie souvent que nos amis peuvent être de formidables soutiens pour nous aider dans notre tâche de parents, même s’ils ne sont pas parents eux-même !

Le théâtre d’ombre chinoise qui s’animait tout à coup sur la terrasse du camping au coucher du soleil, avant que chacun regagne ses pénates.

Les voisins de camping marcher pieds nus dans les graviers des petits chemins (qu’ils ont tellement raison…) et les femmes faire du nobra sans complexes.

Les écrevisses et les poissons se laisser porter par le courant de la rivière. Les couleurs des galets. Les petits et les grands faire des ricochets.

Et les couchers de soleil. Observer les rayons se faire plus rasants, le soleil qui vire au orange, les couleurs qui se mélangent, comme dans une aquarelle. Le orange devenir rose, le bleu violet, puis bleu nuit, et enfin, la lune et es étoiles. Se sentir enveloppé dans une douce chaleur avant que la température ne baisse d’un coup avec l’apparition de l’obscurité.

Et finalement, je crois que c’est le coucher de soleil qui est la plus grande leçon de la nature sur notre rapport au temps. Que cela va vite un coucher de soleil ! D’une seconde à l’autre, le ciel change, les couleurs changent, le soleil change. En un instant, il n’est déjà plus là. Quand on veut observer, profiter d’un coucher de soleil, il faut être là, présent, dans la contemplation à chaque seconde, sinon on perds tout l’intérêt du spectacle. Quel magnifique rappel la nature nous fait : réapprendre à vivre l’instant présent et son intensité.

Un coucher de soleil me provoque toujours beaucoup d’émotions. Ce sont quelques minutes où le soleil nous enveloppe d’une douceur et d’une intensité sans pareille. L’apothéose d’une belle journée. Une invitation à se réjouir de ce que nous avons vécu, à ressentir de la gratitude et à formuler des voeux pour la journée du lendemain. Pas à prévoir ou planifier. Juste faire des voeux, poser une intention.

Il y eu une journée. Il y eu un premier coucher de soleil. C’est pour ce heureux hasard qui nous a fait atterrir dans ce camping que j’ai eu de la gratitude les premiers jours de nos vacances. Pour la fraîcheur que le lac nous offrait à cet endroit précis alors que la France croulait sous la canicule.

Il y eu une autre journée, il y eu un deuxième coucher de soleil. C’est pour ce temps qui m’était soudain offert avec des deux semaines sans connexion et sans tentation de perdre passer du temps sur mon téléphone que j’ai ensuite ressenti de la gratitude. Ce temps qui m’a permis de me poser et de lire enfin. Plus que quelques pages. Presque quatre livres.

Il y eu une autre journée, il y eu un troisième coucher de soleil. J’ai dit merci pour la beauté de la nature, la richesse de ses couleurs, la fraîcheur de ses rivières, et le calme, la sérénité qu’elle nous offre. J’ai laissé mes claquettes au placard et me suis mise à marcher pieds nus. Pour me connecter à cette belle énergie.

Il y eu une autre journée, il y eu un quatrième coucher de soleil. J’ai apprécié les siestes au frais, les longues après-midi protégées de la chaleur dans les grandes maisons, climatisées plus ou moins naturellement qui nous ont abritées durant ces vacances, pendant que le reste de la France étouffait.

Il y eu une autre journée, il y eu un cinquième coucher de soleil. Merci à nos proches, amis ou famille d’être ce qu’ils sont. Ils ne sont pas parfaits, ils sont même plein de défauts évidemment, comme nous tous. Mais leur présence, est chacune si précieuse. Et vivre avec des gens différents, voir leur part d’ombre, permets de mieux apprendre à se connaître soi-même, car notre perception des autres nous en apprends beaucoup sur nous. Merci à eux d’être ce formidable miroir !

Il y eu une autre journée, il y eu un sixième coucher de soleil. J’ai eu aussi envie de remercier le monde d’être ce qu’il est, en ce moment surtout. C’est pas rose, c’est pas confortable, c’est même stressant, angoissant parfois.Mais cette actualité et ce climat est un formidable “filtre” pour trier le bon du moins bon, le futile et le nécessaire, pour faire des choix pour sa vie, pour son quotidien. C’est le coup de pouce, presque le coup de pied aux fesses pour se dire “Il est temps”, pour identifier ce qui est vraiment important pour soi. Et en cette rentrée, cela me rappelle qu’il faut que je garde le cap de mon chemin à moi, pas de celui que les autres voudraient me voir emprunter. Clairement.

Il y eu une autre journée, il y eu un septième coucher de soleil. Merci pour ces vacances où on a pas cherché à remplir l’emploi du temps coûte que coûte. Où on a pris le temps. Vraiment. Il y a des tas de choses que j’aurais aimé faire et que je n’ai pas faite. Tant pis. ou tant mieux. Je ne sais pas. Ces vacances se sont déroulées comme elles devaient se dérouler. Point. Première année presque où je n’ai aucun regrets sur les choses que j’avais projetée pour mes vacances et où j’ai aussi bien accepté de ne pas les avoir faites. A part peut-être prendre encore davantage le temps et vivre encore plus en connexion avec la nature !

Il y eu deux dernières journées, et il y eu un huitième coucher de soleil. Comme une apothéose. Et nous avons dit tous ensemble dit “Merci”. Merci pour les vingt années et quelques passées dans notre maison de famille. Au milieu des cousins, des oncles et tantes, des neveux et nièces. Autour d’une table, sur un sommet, autour du lac, dans l’Eglise du village, sur les skis, au bord du parcours du Triathlon d’Embrun, ou du Tour de France… A refaire le monde, à débattre de l’intérêt de la réintroduction du loup dans les alpages. A accueillir les conjoints dans la famille, à s’émerveiller du dernier-né. En nous régalant du vin de citron de Mamie, du kir “Migi”, de raclettes, ou de bonnes tartes de pays. Merci pour ces fous rires, ces rires, ces larmes et ces chagrins, et ces douleurs exprimées aussi parfois, qu’on a jamais caché dans cette famille. Merci pour ces batailles d’oreillers dans le dortoir, pour ces “pestacles”, ces Forts Boyards organisés dans le jardin, ces pistes de luges tracées dans le champ d’en face, ces soirées au marché des créateurs, ces parties de mini-golfs ou de jeux de société endiablées… Merci pour tout ça et bien plus encore. Et merci pour cette grande famille !

Et puisque les couchers de soleil nous invitent à faire un vœu pour “demain”. Je fais le vœu que cette belle maison imaginée et construite par mon grand-père pour être une “maison de famille” accueillante continue à abriter des liens forts, beaux, à accueillir une famille, qui s’agrandit, qui vit, au rythme des anniversaires, des fêtes de Noël, des vacances scolaires, des progrès en ski et en natation, des célébrations des sommets atteints, des repas de famille qui n’en finissent plus, ou se hâtent à cause des moustiques …

Je fais aussi le vœu que notre famille sache provoquer les occasions, et prendre le temps pour continuer à se voir, continuer à voir grandir les petits cousins, à voir les plus jeunes d’entre nous entrer dans la vie active et bâtir leur propre foyer. A fêter les anniversaires, les mariages, les réussites et les choses moins joyeuses… Il praît qu’en 2022, il y aura plein de dizaines à fêter ! 90, 60, 40, 30, 10… Rendez-vous est pris !

Et enfin je formule le vœu, que nos prochaines vacances soient encore l’occasion de contempler, de nous connecter à la nature et de rendre grâce ! Et qu’entre temps, l’année soit la plus douce possible malgré les circonstances.

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