Eduquer,  Etre soi-même,  Lire et s'instruire,  Militer,  Transitionner

Ahimsa

Quand j’ai choisi ce titre, la petite fille espiègle en moi a répliqué : “A tes souhaits ! ” puis s’est mise à chanter “Ahimsa Ahimsa, écoute-moi !” (pour ceux qui ont la référence…)

Mais j’ai eu beau retourner la question dans les tous les sens, je n’ai trouvé que ce titre-là pour ce billet. Aucun autre mot, ou aucune expression ne me sont parus aussi forts et aussi énigmatique que celui -là – car je cherche toujours à vous donner envie d’en savoir plus quand je choisi un titre de billet forcément.

Ce mot Sanskri qui signifie “Respect du Vivant” me semble être le seul qui puisse traduire mon état d’esprit du moment. En occident on a traduit ce mot par les termes de bienveillance ou de non-violence. Gandhi et le Dalaï-Lama sont de ceux, parmi tant d’autres, qui ont œuvré à diffuser cet esprit Ahimsa. J’ai découvert ces derniers jours qu’aujourd’hui encore des tas de personnes dans le monde poursuivent cette mission de Paix, grâce à un outil, une méthode, une philosophie de vie, une hygiène de conscience qui se distille dans les formations de Communication Non-Violente conceptualisées par Marshall Rosenberg, dont le “best-seller” Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) est la partie émergée de l’iceberg.

Ce billet, j’ai envie de l’écrire depuis plusieurs jours, mais tout se brouille dans ma tête, tellement ce que je viens de vivre est puissant, important et tellement je prends conscience qu’il y aura un avant et un après comme il y en a rarement eu dans ma vie… Il y aura un avant et un après ce 1er mai 2021, le jour où j’ai démarré mon parcours de formation en Communication Non-Violente.

Au-delà des orages
Je pars en voyage
Mon âme au vent
Le cœur éléphant
Je suis parti d’ici
Pour rencontrer la vie
Être vivant
Énormément

“Le Coeur Elephant” Frero Delavega

Presque trois mois de thérapie et trois semaines de formation plus tard, je peux dire qu’avant aujourd’hui je ne vivais pas. Je survivais. Je ne sais pas depuis combien de temps mais sans doute depuis bien longtemps… Je me suis rendu compte que depuis toute petite, petit à petit, je me suis enfermée dans ma carapace, pour me protéger de ce monde si violent dont je ne comprenais rien à rien… Je mettais cela sur le compte de mon Introversion (ce que je suis sans doute quand même un peu) mais ce qui était de l’introversion était une vraie stratégie de protection, de survie. Je crois que sans le savoir, mes copains de formation (coucou, si vous passez par là) ont été témoin d’une éclosion, d’une mue. Démarrée en thérapie il y a trois mois, elle vient de se matérialiser en ce mois de mai 2021. Comme si je m’autorisais aujourd’hui à retirer cette carapace et à accueillir vraiment mes émotions comme des cadeaux et non pas comme des cailloux dans ma chaussure. Et pourtant, je pensais déjà être au fait de toute ces choses, tellement j’ai pu lire sur le sujet et me renseigner, travailler sur moi. Mais cette Formation a vraiment été une révélation pour moi, qui me suis toujours un peu identifiée au personnage d’Amélie Poulain. Car j’ai pris conscience qu’avant de parler de la violence du monde, j’étais profondément violente envers moi-même.

Toute cette prise de conscience, ne rendra pas le monde moins violent, sans doute d’ailleurs que je vais le trouver encore plus violent que je ne le trouvais déjà. Ce qui est d’ailleurs le cas, car j’ai l’impression depuis quelques jours d’avoir un radar à violence : celles contre les femmes, celles contre les enfants, celles que l’on a pour soi-même, celles contre les hommes, celles contre la nature, celles contre les animaux, celles contre les minorités, celles contre les enseignants, contre le corps médical, celles contre les invisibles, les violences ordinaires, les moins ordinaires… Lorsque j’ai vu que ça flambait à Gaza ces derniers jours, je n’ai pas pu lire une seule ligne, regarder le moindre reportage, car encore plus qu’avant, j’ai pris ça en pleine poire et les larmes sont arrivées aussitôt. Et en même temps j’ai un immense espoir, un optimisme qui m’anime comme un feu intérieur depuis que j’ai posé mon regard sur ces 28 visages, 28 personnes qui ont démarré à se former à la CNV en même temps que moi. J’ai de l’espoir car j’ai vu des transformations intérieures se faire sous mes yeux, des éclosions, comme la mienne, des guérisons même parfois. J’ai vu la puissance que cette philosophie de vie peut avoir pour nous-même et par ricochet, rayonnement, sur les autres autour de nous !

Tout ce qui va suivre dans ma vie ne sera pas plus facile, je prends même la mesure de la difficulté et la responsabilité qui est la mienne désormais, vivre Ahimsa dans un monde qui a oublié de respecter le vivant. Mais je me sens armée, et heureusement puisque je n’ai plus de carapace ! Mon arme principale maintenant, c’est ma capacité à me relier à tout instant à ce qui est vivant en moi et en l’autre ! Et ce qui est vivant en moi, ce qui bouge à l’intérieur de moi quand je suis en connexion avec le monde ce sont mes émotions, du latin motio qui veut dire “action de mouvoir”. Je le savais déjà mais je crois que j’ai enfin complètement intégré le fait (et on s’est beaucoup entraîné pour ça aussi durant toute la formation) que dès que l’on ressent quelque chose d’agréable ou désagréable, c’est un cadeau, une occasion de comprendre nos besoins, et de se donner les moyens d’y répondre. Et chez l’autre, dès qu’une réaction nous paraît “violente” ou inappropriée, c’est une invitation à comprendre ce qui se passe en l’autre, et chez nous car toute forme de “violence” est la traduction d’un besoin qui n’est pas assez nourri chez l’autre. Je ne dit pas que j’y arriverais à chaque fois mais j’ai l’impression d’avoir enfin la boîte à outil qu’il me manquait pour comprendre ce monde et pourquoi il me heurtait tellement ! Et je me suis reconnectée avec mon empathie que j’avais perdu je ne sais où en chemin… Un comble pour une personne comme moi qu’on qualifiait de “gentille”. J’étais “gentille” parce qu’on m’avait appris à l’être, mais on avait muselé par la même occasion mon empathie, la seule manière pour l’humain d’entrer en vraie connexion avec les gens qui nous entourent. L’empathie, mot composé du préfixe “-en” qui signifie à l’intérieur, au dedans, et “-pathie” qui vient du grec “pathos” qui veut dire souffrance, ou plus généralement tout sentiment éprouvé par l’autre. Entrer en empathie avec quelqu’un c’est être capable de voir sa réelle souffrance. Je voyais bien la souffrance autour de moi, mais j’avais vraiment du mal à m’y connecter et quand je m’y connectais, c’était par simple apprentissage de la gentillesse. Je ressentais d’ailleurs toujours un sacré gouffre en moi dans ces moments là, comme si je n’arrivais pas réellement à me connecter à l’autre, de coeur à coeur. Cela “coinçait”.

En ce qui concerne le reste de ma vie, j’ai l’impression d’être arrivée à ce jour, le premier du reste de ma vie. J’en ai vécu plusieurs des jours comme ça, mais ce matin, alors que je me préparais à suivre les deux dernières heures de cette formation, je me sentais un peu comme le jour de mon mariage, où au moment d’arriver à la maternité, ou encore quand j’ai appris que j’étais en rémission, l’impression que ce jour était important et allait compter dans ma vie.

Il y a quelques semaines, j’étais dans une vrai détresse encore, en me demandant quelle pouvait bien être ma place dans ce monde ?! Quelle pourrait bien être ma contribution dans tout ce bordel ?! J’ai pensé plusieurs fois l’avoir trouvée ces dernières années, mais je me trompais. Je pensais avoir trouvé ma destination, mais j’avais seulement trouvé le moyen de transport pour me déplacer, il n’y avait aucune d’adresse dans mon GPS.

Je ne sais pas encore exactement comment je vais contribuer (enfin si, je crois que je sais, mais j’ai envie de garder cela pour moi, comme un secret, comme quand on sait qu’on est enceinte, mais qu’on veut garder cette bonne nouvelle pour nous, un peu égoïstement) je ne sais pas encore concrètement quel moyen de transport je vais désormais utiliser, mais j’ai trouvé mon fil rouge, mon fil d’Ariane, ma boussole, pour ne pas me perdre dans les méandres de ce monde sans dessus dessous. Je sais quelle est ma place dans ce monde, et je sais exactement quelle sera la couleur de ma contribution à l’Arc-en-Ciel que beaucoup essaient de dessiner dans l’orage de la période que nous traversons.

A la lecture de mon témoignage, certains se disent peut-être whaouh ! D’autres se demande peut-être qu’est-ce que j’ai fumé ou quelle drogue j’ai pris … Si certains espèrent que je leur révèle mon petit secret, c’est peine perdue les gars ! C’est pour le moment mon petit trésor à moi, et je me garderais bien de vous dire où j’ai planqué le magot ! Trêve de plaisanterie, ce que je veux dire c’est que je ne vous ferais pas ici et pas avant un certain temps, la démonstration de la méthode, ni un cours magistral, car ce que j’ai aussi compris c’est qu’avant de diffuser, avant de vouloir à tout prix contaminer le reste du monde avec le virus de la CNV -beaucoup moins dangeureux que le Covid- comme aimait à le redire notre super formatrice (et je trépigne d’impatience de le faire) il faut apprendre à l’incarner, la vivre au quotidien pour nous-même d’abord ! J’ai regardé beaucoup de vidéo aussi sur ce thème et des témoignages de gens formés à la CNV qui voulaient absolument s’y mettre dès la sortie de formation et qui se plantaient majestueusement. Alors si je vous croise, que nous échangeons, et que vous vous dîtes intérieurement “c’est pas très communication non-violente, ce qu’elle vient de dire”, je suis encore en phase d’apprentissage et je sais que je ferais encore des bourdes sûrement. Car nos cerveaux sont tellement formatés, conditionnés, que se former et pratiquer de manière “fluent” la CNV relève vraiment d’un déconditionnement plus qu’un apprentissage. (ma formatrice est anglaise, alors quand j’ai des bribes de la formation qui me reviennent, j’ai un doux accent anglais qui sonne à mon oreille…

Et si vraiment, vous vous dîtes, je veux être comme elle, je veux prendre la même drogue qu’elle, je peux vous orienter vers les bonnes sources d’informations et de formation, évidemment. On ne va quand même pas se priver de personnes de bonne volonté vu l’ampleur de la tâche que représente la diffusion de cette “méthode” pour qu’enfin nous vivions dans un monde qui respecte le Vivant !

Et si vous former n’est pour le moment pas votre priorité, vous pouvez d’ores et déjà, si vous vous sentez curieux, lire le livre de Marshal Rosenberg “Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs“, lire “Cessez d’être Gentil, soyez vrai” de Thomas d’Asembourg qui ont déjà rejoint ma pile à lire. Vous pouvez regarder les vidéos de Marshall Rosenberg sur You Tube qui sont délicieuses (mais longues…) tout comme celles de Thomas d’Ansembourg, Il y a aussi Isâ Padovani, dans un autre style, peut-être un tout petit peu plus “perché” et quelques pages Facebook comme l’apprentie Girafe pour pratiquer avec les enfants. Je me ferais un réel plaisir de vous conseiller, de vous orienter si j’ai piqué votre curiosité au vif.

Peut-être que d’ici quelques temps, je rassemblerais ici toutes mes ressources en la matière, une fois que je les aurais toute lues et décortiquées…

Je termine ce billet avec ces paroles

Je mettrai tout mon poids
Pour faire pencher la vie
Du bon côté
Le cœur léger
Voir les hommes comme les doigts
D’une main qui construit
Pour toi et moi
Nos utopies

“Coeur Elephant” des Frero Delavega

Ahimsa

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *